Little Miss Mudshine
Le Grand Prix du jury de Cannes 2014 est passé un peu inaperçu au regard du reste du palmarès qui a fait vibrer à la fois presse et public. Les merveilles se veut naturaliste : grain volontairement...
le 19 mai 2015
17 j'aime
7
Merveilleux, comme le monde du conte. C'est de cette manière qu'il faut entendre le titre du film. Pourtant aucun indice factuel ne rend le destin des personnages proche de celui de ce genre littéraire; au contraire, leur vie (surtout celle des enfants) a tout d'une galère digne de cette souillon de Cendrillon. Or Gelsomina, l'aînée de la sororie (ou fratrie de filles), véritable abeille ouvrière, engluée (littéralement) dans un travail ingrat auquel elle s’exécute sans rechigner sous les ordres d'un père très autoritaire, papillonne de-ci de-là pour extraire le miel de ses jours, rêvant de s'évader vers une vraie adolescence comme son amie faite de chansons sirupeuses et de stars de télé habillées en princesse.
Et c'est là qu'Alice Rohrwacher, réalisatrice et scénariste, intervient. Parmi le quotidien décrit presque de manière documentaire (à relier avec les débuts de la cinéaste), les pieds dans la boue, servant de structure au film, elle glisse des passages proprement poétiques, oniriques, enchantés, d'une grande beauté: les phares qui traversent la nuit (scène augurale) comme des lucioles, quand l'enfant boit la lumière (synesthésie), la scène féerique (malgré son côté kitsch et ironique) près de la source de soufre ou dans la grotte, la saynète des enfants pour l'émission de télé (sifflement et abeilles cachées inclus), les ombres préhistoriques qui dansent au plafond de cette même caverne, le chameau qui se lève dans la cour, …
C'est donc dans cet exercice-là qu'elle séduit et envoûte le spectateur. Si bien que, en dépit de leur importance, les idées politiques telles que le retour à la nature, la disparition des abeilles (grande catastrophe qu'elle augure pour notre civilisation), l'excès des normes européennes ou le travail des enfants deviennent secondaires dans le traitement poétique du film. Et c'est ce qui a certainement dérouté une partie du public, se perdant dans ces différents discours où prime la liberté, ne saisissant pas les intentions premières de la cinéaste. De très bonnes intentions donc, méritant notre admiration.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 4 mai 2018
Critique lue 156 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Les Merveilles
Le Grand Prix du jury de Cannes 2014 est passé un peu inaperçu au regard du reste du palmarès qui a fait vibrer à la fois presse et public. Les merveilles se veut naturaliste : grain volontairement...
le 19 mai 2015
17 j'aime
7
Il a bien des qualités, ce petit film d'Alice Rohrwacher qui avait d'ailleurs reçu le Grand Prix à Cannes en 2014. Esthétiquement, nous sommes à la fois proches du documentaire caméra à l'épaule...
le 13 janv. 2016
8 j'aime
5
Un père apiculteur, colérique, buté mais bienveillant. Quatre filles, une femme, une sœur (?), comme autant d'abeilles travailleuses, solidaires et déterminées. Un quotidien suave et poisseux comme...
Par
le 30 mai 2014
8 j'aime
Du même critique
Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...
Par
le 17 janv. 2018
30 j'aime
1
Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...
Par
le 18 janv. 2018
26 j'aime
2
Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...
Par
le 25 mars 2020
11 j'aime
11