Un père apiculteur, colérique, buté mais bienveillant. Quatre filles, une femme, une sœur (?), comme autant d'abeilles travailleuses, solidaires et déterminées. Un quotidien suave et poisseux comme le miel qu'ils produisent.
Une ferme isolée dans une région d'Italie dont l'humidité rappelle la ciénaga argentine de Lucrecia Martel. Ici aussi on traîne dans les mêmes lits, même dehors malgré la pluie. On vit les uns sur les autres malgré l'espace. On essuie les disputes, les orages, les flaques de miel. On se mélange et on mélange les langues. On en parle une autre quand on ne veut pas se faire comprendre des enfants, on siffle quand on ne peut plus parler.
Le père croit défendre sa ruche du mal extérieur : ses hommes, ses technologies, sa télé, ses pesticides, sa fin du monde. Bien que protégé par sa combinaison, les abeilles passent et piquent. La faillite menace. C'est à sa fille qu'incombe la tâche d'ôter les dards. De repousser les indésirables. De sauver l'avenir de la famille. Car c'est sur elle, Gelsomina, aînée de la fratrie, que tous se reposent. Les moments de grâce du film tiennent beaucoup au jeu tout en pudeur de la jeune Maria Alexandra Lungu. Qu'il semble bien vulgaire et inapproprié, à côté, le personnage de Monica Belluci, présentatrice ringarde d'une émission télé d'un autre temps, bonne fée de pacotille. Ce n'est pas la réalité qui rattrape nos personnages protégés de la société mais la télé-réalité. Concours ridicule dans une grotte verdâtre où la caméra trébuche. Cette caméra avec laquelle pourtant Alice Rohrwacher sait si bien au grand air caresser un visage, cadrer la proue d'un bateau sur la mer, transformer en eau un rai de lumière à boire.
Camille_Sanz
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le 30 mai 2014

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Camille S.

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