Tentative d’épuisement d’un vieux lieu commun
L’homme est un monstre. Les exemples abondent, et l’Italien des années 60 semble un trop beau spécimen pour qu’on le résume en un seul personnage. La solution provient du film à sketches, soit ici 19 pastilles plus ou moins longues qui sont l’occasion d’un panorama de la bêtise, la veulerie et la turpitude morale.
Tout y passe, rien n’échappe au regard acide de Risi, aidé des fines plumes de ce que l’époque compte de meilleur, dont Scola lui-même. Militaires, politiciens, femmes infidèles, beaufs au volant ou dans les stades, avocats, curés composent l’inépuisable fresque de l’immoralité.
Si se farcir presque deux heures de pastilles ne semble pas franchement réjouissant de prime abord, le film fonctionne pourtant par une efficace gestion du rythme ; tout repose sur le principe de l’exposition la plus dense possible suivie d’une chute qui souvent détruit tout ce que l’apparence suggérait et fait tomber le masque des monstres.
La malice, c’est d’éduquer notre regard : au bout de 3 ou 4 récits sur les 19 qu’en compte le film, nous voilà initiés : chaque nouvelle situation sera donc vue comme une nouvelle preuve de l’horreur humaine, de la contradiction et de la mauvaise foi. C’est à la fois désespérant et profondément jubilatoire.
Enfin, le chapitrage permet non seulement le renouvellement des situations, mais surtout de montrer l’étendue du répertoire des deux comédiens Tognazzi et Gassman. Sportifs bas du front, avocats beaux parleurs, malfrats vicelards, femme ou curé, ils excellent quoi qu’ils touchent, et c’est un plaisir sans cesse renouvelé que de les voir changer de costume pour incarner finalement toujours la même figure, celle de cette pathétique humanité.