Dans la Forêt des Rêves Bleus vivent le jeune garçon Jean-Christophe et toute sa bande d’amis animaux. L’un d’eux, une peluche d’ourson nommée Winnie, s’arrange toujours pour s’attirer les ennuis à cause de son extrême naïveté…
Compilation de trois moyens-métrages agrémentés de transitions inédites, Les Aventures de Winnie l’ourson se voit souvent dénier son statut de « Classique d’animation » des studios Disney. Il appartient pourtant bel et bien à cette catégorie et n’a pas à faire pâle figure par rapport à ses aînés.
Mis en chantier par Walt Disney lui-même, ces moyens-métrages, dont les deux premiers sont réalisés par le grand Wolfgang Reitherman dont la réputation n'est plus à faire, résument à eux seuls toute la magie de Disney. Si l’on pourrait déplorer leur manque d’enjeux et de méchant, ils illustrent à merveille l’innocence sans failles qui caractérisent les studios aux grandes oreilles. Captant toute l’essence du roman d’Alexander Milne dont les récits sont tirés, et restituant avec une délicatesse infinie la pureté du trait d’Ernest Shepard, illustrateur des romans originels, le talent conjoint des vétérans Don Griffith, Al Dempster, Hal King, Milt Kahl, Ollie Johnston ou encore Frank Thomas, pour ne citer que les principaux, nous délivrent donc un film d’une perfection égale aux précédents chefs-d’œuvre du studio.
Malheureusement, en réunissant ces trois moyens-métrages en un seul long-métrage, le film peine à leur donner l’unité qui convient. Malgré des transitions de qualité, qui jouent merveilleusement sur les contraintes liées au livre, Les Aventures de Winnie l’ourson paye le prix du manque d’ambition de ses créateurs, en n’arrivant jamais à s’élever au-dessus de son statut de compilation. Manque d’ambition encore plus visible dans la séquence, pourtant éminemment sympathique, du rêve de Winnie, reprise en bonne et due forme de l’inoubliable scène du rêve de Dumbo, qui étonne plus qu’elle ne choque.
En tous cas, le plaisir reste de mise, et l’on n’a aucun mal à s’attacher à des personnages sympathiques en diable (renforcés par une délicieuse VF qui nous offre une triple prestation mémorable de Roger Carel), et ce d’autant moins que les immenses frères Sherman sont également de la partie, et égayent le film par leurs chansons toujours aussi entraînantes. Largement de quoi s’élever au niveau des autres Classiques d’animation, même si on se prend à rêver du chef-d’œuvre qu’aurait pu être le film si ses réalisateurs avaient décidé de s’attaquer à un scénario original…