Pour son premier long-métrage, le couple Jonathan Dayton et Valerie Faris nous entraîne à travers un road-movie coloré et échevelé nous transportant dans un univers acidulé désopilant où une famille américaine lambda (ou presque) part à l'aventure pour les beaux yeux de leur fille cadette Olive (impressionnante Abigail Breslin) qui rêve de remporter un concours de danse en Californie. Et si l'on ne choisit pas sa famille, celle de la petite Olive est tout particulièrement chaotique...
En effet, entre un grand-père héroïnomane porté sur le porno (Alan Arkin, tout simplement délectable), un grand frère renfermé qui parle à travers un bloc-notes (la jeune révélation Paul Dano), un oncle homosexuel suicidaire (Steve Carell, bien loin de ses frasques grimaçantes), un père de famille énervant d'optimisme (l'oublié Greg Kinnear, ici épatant) et une mère laxiste (la toujours aussi brillante Toni Collette), la gamine de sept ans aurait la vie facile si son monde n'était pas fait que de disputes...
Ce voyage à travers les routes américaines va toutefois apporter des réponses enfouies au plus profond de chacun, le tout sous une musique entraînante et des situations férocement hilarantes. Profondément dramatique, Little Miss Sunshine déborde cependant d'une bonne humeur communicative de séquences fantastiques telles l'intégralité des répliques de Grand-père Edwin qui n'hésite pas à demander à Frank, l'homosexuel dépressif, de lui acheter des revues porno « bien hard et pas des photos floues et merdiques »…
Et si cette mésaventure peut s'avérer sensiblement triste et parfois déconcertante, elle reste pourtant drôle, rafraichissante, attendrissante voire même apaisante, le scénariste Michael Arndt (dont c'est la première œuvre) signant ici une véritable comédie dramatique originale et délirante où l'on oublie clairement ses problèmes pour s'attarder sur ceux, innombrables et déjantés, de la famille Hoover. Ainsi, ce road-movie de la lose peuplé de personnages ringards mais aux valeurs familiales touchantes (et non larmoyantes) est une franche réussite, porté par une mise en scène sobre mais dynamique et une palette d'acteurs tout simplement époustouflante, faisant de Little Miss Sunshine une petit merveille du cinéma indépendant.