Le monde de l'animation est vaste, et il est difficile de le juger équitablement. Que ce soit en 2D rotoscopique, 2D numérique, Stop Motion, Montage illustratif, effet vidéos et 3D, 3D numérique, modélisation... l'animation prend de multiple formes et il est impossible de dire quel forme d'animation est la meilleur car on analyse plus un film en tant que tel qu'une technique d'animation, et qu'un film peut être merveilleux en stop motion comme être une pure daube creusant un déficit financier immense à l'industrie cinématographique. Malgré tout, au fil des années, un studio a su tirer son épingle du jeu et à devenir pour beaucoup le leader de l'animation mondiale en perfectionnant une même technique d'animation. Il s'agit des studios Pixar avec son travail de l'animation 3D. Depuis Ratatouille, le studio n'a eut de cesse de rouler continuellement sur la concurrence, proposant des films propres et riches en propositions qui ont développé au fil du temps une mécanique bien huilé qui a su convaincre petits et grand public. Cependant, plus le temps passe, plus les critiques s'accumulent vis-à-vis des films. Qu'avec autant d'argent il est normal que le studio nous propose des films aussi bons, qu'à répéter encore et encore les mêmes schémas narratifs il est normal de plaire à chaque fois. Au final, il serait trop facile pour Pixar de s'assurer un succès critique et publique, et moi face à la critique, si au début je ne la comprenait pas vraiment, je me suis mis à douter. Après un Coco extraordinaire, un Indestructible 2 sympathique mais oubliable, un En Avant très fort scénaristiquement parlant mais boitant dans sa forme, et un Soul très beau visuellement mais très froid dans son écriture, je ne savais pas quoi attendre de leurs nouveau film Luca, et verdict: c'est un très beau film.
Visuellement c'est incroyablement beau, tout en finesse et en légèreté. On sent un véritable travail esthétique lorsqu'il s'agit de représenter les éléments et les textures, que ce soit le contraste entre les vêtements rêches et sec d'une chemise avec la peau un peu plus grasse et hydraté de la peau humaine, ou encore la gourmandise de pâtes aux pestos dont l'aspect rappellent le travail de la nourritures que peut avoir le studio Ghibli. La musique est très bonne et donne de très belles scènes lorsqu'il y a des changements de milieu entre l'océan et la terre ferme, et au niveau du doublage tout le monde s'en sort très bien (notamment Julia et Luca qui sont excellent et qui ont leurs scènes où ils sont époustouflants) malgré quelques décrochages de Chiara Mastroianni dans le rôle de la mère qui, à côté des autres personnages qui collent parfaitement, parait très en dessous à certains moments. Et niveau écriture c'est une merveille. On veut parler d'acceptation, de la quête de liberté et l’insoucieusement de la jeunesse découvrant le monde qui l'entoure, le tout avec beaucoup d'humour. Vu que le film tourne autour de l'enfance et des vacances d'été, le film nous offre des scènes mettant en scènes les rêveries et l'imaginaire des enfants dans des scènes où le héros va rêver de rouler à moto sur les anneaux de Saturne flottant sur la mer, ou un champ de tournesol où un troupeau de motos sauteraient au dessus des fleurs, apportant ainsi beaucoup de poésies. Maintenant, pour en revenir à ce que je disais en intro, on peut se poser des question vis-à-vis du film.
Le film est bon, très bon même. Vous pouvez relire ce que j'ai écris au dessus, je n'en pense pas moins. Mais tout de même, on a l'impression que le film ne prend pas de risque pour nous offrir ce qu'il nous offre, et que le film reste conforté dans des techniques qu'il connait et/ou des procédés scénaristiques qu'on connait déjà. On sent cela dans les graphismes qui, malgré un travail esthétique sur la nourriture et les textures, n'expérimentent pas assez et ne cherchent pas à surprendre. Contrairement à des films comme J'ai perdu mon corps ou Spider-man New Génération, le film ne se focalise exclusivement que sur de l'animation 3D, propre serte, mais qui à côté des sorties récentes, parait assez pauvre et peu intéressante. Enfin ce sentiment est accentué par l'écriture qui, malgré sa poésie, reste parfois trop dans des routes bien connu des films du studios. On a la scène d'émancipation familiale que l'on peut retrouver dans Coco ou Vice Versa, on a la relation fraternelle que l'on peut avoir dans Toys Story on En avant, ou encore on a la scène de dispute et de rupture affective que l'on peut avoir dans Soul et quasiment tous les films du studio Pixar... mais malgré tout, je persiste à dire que le film vaut mieux que ça.
Le film tient sa très grande force par ses très grandes inspirations au cinéma italien au sens large. Si on peut regretter certains moments où les personnages expriment leurs sentiments en appelant à saint mozzarella et saint pepperoni, on sera rapidement subjugué par le travail de la mise en scène qui est sans faute et appelle à l'évasion et à un exotisme rarement eut dans les autres films du studio. Tout d'abord par son village pensé et réfléchit pour que tout le film puisse sillonner littéralement toutes les ruelles de la ville et nous permettre de connaitre le village par cœur au même rythme que notre héros va s'habituer à sa vie terrestre. Deuxièmement, de par son univers, le film invoque les films d'été méditerranéen à la Call me by your name et été 85 qui donne une dimension en plus au film, une dimension beaucoup plus adulte et impactante sur l'acceptation de l'homosexualité, et donnent BEAUCOUP plus d’enjeux à l'ensemble. Ce n'est plus le combat de Luca et d'Alberto, mais de tous les monstres marins, et ce n'est plus "juste" un combat pour tous ceux qui se sentent différent mais un réelle débat de société. Enfin le travail de l'eau qui est absolument remarquable et offre des scènes mémorables. De parce que le personnage se retransforme en monstre lorsqu'il est en contacte avec l'eau, on a un jeu où l'eau devient instrument de libération, mais aussi instrument de révélation et source de peur. On a une scène incroyablement drôle avec la mère de Luca cherchant son enfant et qui va devenir la terreur local pour tous les enfants du village. Mais si l'eau peut amuser, l'eau peut aussi faire peur et/ou être une source de tension, notamment dans une scène déchirante faisant référence aux films d'horreur de monstre marin italien au bord de la plage, ou encore lors du grand concours du village faisant référence au grand tour d'Italie où le héros va devoir se battre pour remporter la course malgré sa différence. On peut critiquer le manque de prise de risque du studio, on peut reprocher au film d'avoir des scènes parfois peu originales et des graphismes très beau mais trop encré dans une certaine zone de confort, mais je pense qu'en terme de proposition, on est sur l'un des films qui aura fait le plus de prise de risque en terme d'ambiance et de terme abordé. Maintenant, on peut s'inquiéter pour l'avenir et de la capacité du studio à se renouveler et de tenir sur la durée sur ce mécanisme, avant bien huilé, mais qui commence tout doucement à trouver ces limites, et je pense que c'est ça le plus gros défaut de Luca: Luca montre de trop les limites du studios. Par rapport aux années précédentes et par rapport aux films précédent, Pixar a toujours eut une longueur d'avance sur tout le monde, mais maintenant les demandes évoluent, le public devient moins facilement impressionnable, et de plus en plus de gens se tournent vers des propositions plus radicales et expérimentales qui, si avant étaient en première ligne et étaient moqués et décillés comme étant boiteux, sont aujourd'hui en avance sur les découvertes qui font mouche sur le public et renouvellent le secteur. En ne prenant pas (suffisamment) de risques pour aller plus loin dans leurs propositions, le studio Pixar se met lui même des barrières et quand viendra le temps où les films d'animation de cette nouvelle vague vont être assez perfectionnés pour atteindre une qualité supérieur aux films Pixar, le studio prend le risque de voir ses films boudé par le public qui se retrouvera déçu de ne pas avoir la même surprise que du temps où Pixar était toujours en avance sur tout le monde. Si les choses continuent tel quel, le studio risque t'atteindre un point de rupture où les films seront insuffisamment bien pour ne pas paraitre en retard vis-à-vis des productions concurrentes, cependant je ne pense pas que Luca est le film qui va entamer la descente de Pixar. Je pense surtout que le film n'a pas eut la chance d'offrir assez de diversité stylistique au bon moment (contrairement à Soul qui offrait du contraste entre le monde des esprit en 2D et le monde réelle en 3D) et de ne pas bénéficier de la sortie mondiale sur grand écran. Malgré le fait que l'ombre des films antérieurs plane au dessus du film, je pense que le film est excellent, plein de poésie et de délicatesse qui en fait un très grand Pixar. Sans doute qu'il n'aura pas l'impact d'un Toy Story, d'un Indestructible, ou d'un Coco, mais je lui souhaite quand même autant de réussite car je n'ai jamais autant été conquis par une proposition du studio depuis Coco (qui est devenu mon film préféré).
18/20
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