Presque 20 ans après, je découvre enfin le film - qui n'a jamais eu la meilleure réputation qui soit - dont j'écoutais la très bonne BO sur cassette, me fantasmant kaillera tandis que je n'étais qu'un ange encannabissé de la classe moyenne...
Virginie Ledoyen caresse d'abord de l'enfant et de la kalach sur fond de guerre civile, et c'est quand même très moche à l'image... On ne reverra d'ailleurs la très jeune actrice qu'au générique final, et les premières minutes du film ne feront que conforter cette impression visuelle : la réalisation de Jean-Francois Richet fait quand même très amateur, malgré une certaine "propreté", il faut bien l'admettre.
Parmi les acteurs, tous amateurs, on reconnaîtra le réalisateur lui-même, Rachid Djaïdani, ou encore sur la fin, Stomy Bugsy. Tous sont plutôt bons. Sincères en tout cas. Mais selon moi, il y a un gros souci sur le scénario, qui reste quand même hyper classique et attendu pour le genre : tabassage > vengeance > flingue > grenaille > bavure pour les petits ; dette non honorée > baston > règlement de compte > fusillade > émeute > CRS > bavures pour les grands. Avec entre-temps fumette, picole, contrôles, coursages de flics, recalage de boîtes, vol de bagnoles, à l'étalage, magouilles (amusante avec le vigile du Leclerc), caisse brûlée, parce que les keums s'emmerdent ou sont frustrés, ce que je veux bien croire.
Ma 6-T va Crack-er repose donc sur le quotidien de cette "cité" de Meaux, mais de façon très (trop) linéaire, malgré quelques passages plus intéressants (la manière sauvage dont le type arrive à emballer, l'éducateur convaincant, le concert). Et si le réalisateur parvient plus ou moins à démontrer que la Loi du Talion devient comme une obligation, que chacun sait qu'il agit contre ses propres intérêts mais ne peut se démonter, que le défaitisme social finit par s'auto-alimenter, que l'état représenté par la police campe l'ennemi supérieur invincible mais contre lequel il faut se battre, il pêche cependant, et d'après moi, en caricaturant ces derniers, en les diabolisant, en ne montrant que les connards de racistes et les bavures.
Très bonne BO donc, surtout présente dans la seconde partie, mais un film "documentaire" assez simpliste au final, malgré sa sincérité. Un appel à la révolution qui se défend, ou pas...
5,5/10