J'avoue avoir découvert la série des Mad Max un peu sur le tard, déjà "adulte" et ayant déjà consommé ma dose de films de SF post apocalyptique. L'impact de The Road Warrior n'avait pourtant en aucun cas été diminué, malgré la tonne de références dont se sont nourries les oeuvres postérieures à ce classique de SF.
Bref, tout ça pour dire que je ne pensais pas me prendre une telle claque devant Fury Road. Retrouver un univers un peu barré ? CHECK. Retrouver des personnages hauts en couleur ? CHECK. Avec une réflexion intelligemment menée sur la nature humaine ? CHECK. Mais Mad Max Fury Road, c'est tellement plus. Dès les premières séquences, on sait qu'on touche à quelque chose de pas banal et surtout à quelque chose de personnel. On est embarqué dans un road trip avec papi George, et je sais pas ce qu'il a pris, mais j'en veux aussi.
Il y a tellement à dire sur ce film: la combinaison subtile des effets spéciaux numériques et pratiques, les designs monstrueux et sublimes des véhicules, la galerie de personnages incroyable, une photo à couper le souffle, des interprétations solides, des choix de mise en scène WTF...
... mais, pour moi, ce qui sépare Mad Max: Fury Road d'un excellent divertissement et fait passer le film dans la catégorie des chefs d'oeuvre au firmament du cinéma, c'est son approche de la narration. Ici, le récit n'avance pas par la parole, les actions des personnages (ou si peu). Il roule. Littéralement. La force narrative du film est le mouvement (un peu comme "la horde du Contrevent" d'A. Damasio). Dans une direction, puis dans l'autre, et c'est tout. Tout le reste, de l'intrigue aux personnages, doit s'accrocher et suivre tant bien que mal, de peur d'être laissé sur le carreau.
Jamais je n'avais ressenti ça au cinéma. Beaucoup de films font appel au voyage comme moteur (ha ha) narratif (Master & Commander, le salaire de la peur, ...), mais ici, c'est sur le mouvement même que l'histoire est fondée. Donc attachez vos ceintures et V8 Forever, on se retrouve tous Shiny & Chrome au Valhalla !