Au premier abord, le film fait pas mal penser au superbe "Mommy" de Xavier Dolan: on y suit les déboires d'une enfant sujette à de graves troubles du comportement, laissant la plupart des adultes cois ou désemparés quant à la manière de l'aider.
Avec des différences tout de même : on est ici avec Benni (Helena Zengel, incroyable), une petite fille de 9 ans 3/4, et sa mère l'a déjà plus ou moins abandonnée : Benni va de foyer en foyer, de crise violente en crise violente, et espère que sa mère viendra la visiter le prochain week-end. Benni s'entoure de figures maternelles et paternelles de substitution, mais chaque relation semble vouée à l'échec. C'est un déchirement qui vous tord les boyaux quand on sent Benni glisser vers une crise et risquer de détruire les amitié fragiles mais profondes qu'elle construit.
Pour autant, le film n'est ni larmoyant ni déprimant. Nora Fingscheidt capte la joie (& la fureur ) de vivre, la colère, l'ennui de sa jeune actrice avec une bienveillance et un respect qui permet au film de respirer.
Rien n'est gratuit dans le film, et s'il semble un peu long sur la fin, il ne met que mieux en évidence le heurt entre une force irrésistible et un objet immuable: la joie de vivre de Benni et sa maladie. Ce choc est source de vie comme de souffrance pour elle et ceux qui l'entourent.
Tout ça fait de "System Crasher" un film intelligent, parfois difficile, mais qui ne tombe jamais dans le pathos, grâce à l'énergie tourbillonnante de Helena Zengel et la liberté d'expression que Nora Fingscheidt lui offre.