Après la claque The Strangers, c'est au tour de Man On High Heels de sortir sur nos écrans en pleine période estivale. Le cinéma sud-coréen continue de surprendre en prenant des directions sortant des sentiers battus. Son mélange des genres fait une nouvelle fois des merveilles, même si le film a du mal à traiter pleinement de son sujet et à se conclure.
Ne pas savoir quel est le sujet du film, c'est une de mes habitudes. J'y vais souvent au feeling ou par curiosité, voir grâce à des avis favorables. Dans ce cas-là, le fait que cela soit un film sud-coréen était suffisant pour me rendre dans la salle dès le jour de sa sortie.
La recherche identitaire est un sujet rarement traité au cinéma et encore moins dans un polar violent. Yoon Ji-Wook (Cha Seung-Won) est un policier aux méthodes peu orthodoxes. On nous le présente comme un homme sans foi, ni loi à travers une scène de combat flamboyante dans une boite de nuit. Alors qu'on s'attend à suivre les exploits de celui-ci, on se retrouve dans un drame. Il est mal dans sa peau, veut quitter la police et devenir enfin la femme qu'il désire être depuis son enfance.
En début d'année, on avait eu le foutraque Tangerine avec des actrices transsexuelles. Cette fois-ci, c'est un héros viril incarné par un habitué du cinéma d'action Cha Seung-Won. Dans ce rôle ambigu, il révèle sa sensibilité. On découvre son passé, grâce à des flash-back lumineux contrastant avec la noirceur du présent. Sa relation lors de son adolescence le rendait heureux, alors que sa solitude actuelle lui pèse avec cette incapacité à assumer son désir d'être une femme. Le regard des autres est important, surtout dans un métier aussi machiste que policier. Comme lui dira une amie "C'est lorsque tu oublieras leurs regards, que tu te sentiras femme".
Comme souvent dans le cinéma sud-coréen, son mélange des genres est savoureux. Le film alterne les scènes d'action teintées d'humour noir, à un drame intimiste. On bascule d'un film mainstream à celui d'auteur. Ce grand écart est audacieux, mais perd de son ingéniosité dans la dernière demi-heure. Le réalisateur et scénariste Jin Jang ne va pas au fond de son sujet et finit par rendre son polar conventionnel en délaissant la réflexion sur la recherche de son identité sexuelle. Cela nuit au tempo du film, avec aussi une difficulté à conclure l'histoire.
Malgré tout, on appréciera la virtuosité de la réalisation, la fascination du gangster pour ce policier, la relation avec la jeune femme aux roses tatouées dans le dos, la complicité avec un jeune policier et d'oser abordé un sujet délicat dans une oeuvre pour grand public. Certaines scènes et réparties sont inoubliables, mais l'ensemble manque de cohésion et de profondeur.