Batman à eu sa trilogie épique et grandiose. Au tour de Superman, désormais. Les derniers épisodes de la saga partaient en vrille, mis à part peut être le remake, qui sauve le tout. Il fallait bien revenir aux bases puisque la série semblait s'éterniser à répéter constamment les mêmes gimmicks, à nous montrer les mêmes rivalités et le couple improbable Kent/Lane. Dans Man of Steel, on (dé)gomme tout ça, on ajoute un méchant que l'on a déjà vu dans un précédent épisode mais qui n'a pas été énormément développé, tout cela sur fond d'invasion extraterrestre et de CGI à tout va, à mi-chemin entre Christopher Nolan et Steven Spielberg.
En soit, Man of Steel est un film honnête mais imparfait. Sa bande-son lui offre un côté grandiose non négligeable, assenant au personnage l'aura qu'il avait perdue depuis la déchéance de Reeves. Elle est du même acabit que celle de The Dark Knight Rises, avec ce timbre Zimmerien singulièrement écrasant. Mimant les mouvements des personnages au rythme de leurs coups, elle permet aussi de matérialiser toute la puissance de Superman, parfaitement rendue par une mise en scène qui a du punch et de la puissance. On ressent toute l'étendue de son pouvoir, jusqu'à cette fin jouissivement propice à la pyrotechnie, mais plombée par quelques CGI douteux et vieillissants (même au moment de leur sortie).
Pour une fois, c'est comme si l'on voyait Superman, s'il vivait à nos côtés, s'il se battait dans notre monde. L'époque le voulant, il n'y a plus de frein à la démesure de sa puissance, plus de barrière à l'étendue démesurée de la violence virtuelle. Seulement, ce détail pourra être vu comme l'un de ses principaux défauts : face aux films de Reeve(s) (Christopher et George), Man of Steel pourra avoir l'air d'un énième reboot sans âme, comme l'étaient Total Recall : Mémoires programmées et Robocop, celui de Padilha.
Son timbre d'image venant directement des Batman de Nolan, le film manque d'une identité visuelle; il souffre toujours de cette comparaison néfaste avec les films révolutionnaires du cher artiste (du moins, en ce qui concerne la codification narrative des blockbusters des années 2010). Ne sachant jamais s'il doit épouser l'esthétique de Donner ou celle de Nolan, le ton d'hier ou celui d'aujourd'hui, Man of Steel se cherche deux heures durant, cela jusqu'à son final grandiose et puissant, où il semble reproduire, à échelle égale, La Guerre des mondes de Spielberg.
On pourra également lui reprocher son écriture incohérente au point d'en devenir lassante, et qui multiplie les illogismes comme Batman les coups de poing. Venant de tous les côtés, ces incohérences saisissantes gâchent la majeure partie de l'expérience, nous empêchant de tomber sur le chef-d'oeuvre qu'on désirait (tout le monde se souvient de la chute de Lois Lane).
Que faut-il donc en retenir? Que Man of Steel vaut surtout pour ses qualités visuelles, car même si le film se cherche pendant longtemps, la mise en scène de Snyder reste toujours aussi esthétique et réussie, amenant à la fois du 300 et du Watchmen à la résurrection d'un mythe. La relecture est intéressante, même si le résultat final aurait pu être largement meilleur. Mais ne boudons pas notre plaisir, Man of Steel est un excellent divertissement, jouissif et explosif.