Scénario :
Christian Legagneur est un mix improbable entre Jacques Martin et Pascal Sevran : le meilleur ami des petits vieux qu'il fait danser et chanter sur son plateau. Mielleux à souhait, il semble l'être aussi dans sa vie de tout les jours où il est au petit soin pour sa nièce. En réalité, celui-ci a des choses à cacher.
Il fait la connaissance de Roland Wolf, un jeune journaliste, venu l'interviewer afin de faire une de ces improbables biographies de star. Il invite celui-ci pour une semaine dans sa maison de campagne. Toutefois, celui-ci semble plutôt etre venu pour enquêter sur lui.
Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"
En tant que sujet d'étude :
Masques est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Claude Chabrol un réalisateur dont je n'avais vu qu'un seul film : Que la bête meure.
Et je dois avouer que les deux films sont relativement similaires : un homme, tentant de venger un proche, s'infiltre dans la vie d'un autre. Celui-ci (souvent joué par un acteur confirmé et truculant) règne sur un entourage qui l'admire ou l'abhorre. Sauf qu'ici, au lieu d'une ordure totale, on a le droit à un type très mielleux, en apparence cordial et très gentil, mais qui cache certainement un salaud.
Il faut dire que Claude Chabrol, c'est comme Woody Allen : le mec tournait un film par an et dans le tas il y a des oeuvres inspirées et d'autres moins. Il a aussi beaucoup travaillé pour la télévision, ce qui explique pourquoi ses films ressemble pas mal à du téléfilm : si certains plans sont assez travaillés et originaux, pour le reste on est sur de l'esthétique relativement classique. L'histoire prime avant tout.
Mais surtout, on sent qu'il aime travailler avec une tête d'affiche. Ici, c'est Philippe Noiret qui bouffe l'écran à la fois exubérant que ce soit dans son côté "je suis le meilleur ami de tout le monde" que dans son côté "je suis un pourri." Tout tourne autour de cet animateur de télévision qui vit en châtelain : que ce soit le couple d'ami, sa secrétaire et bonne à tout faire, son chauffeur/cuisiner et sa nièce.
L'intrigue de polar pour le coup est assez légère : on se doute assez vite de ce que cache les uns et les autres. Mais elle est plutôt cassé par le côté comique des personnages, que ce soit dans leur attitude ou dans certains dialogues. (Sur l'utilité ou pas du vouvoiement par exemple.) Il plane une sorte de légèreté ironique.
Mon avis personnel :
J'avais voulu voir le film à cause de la séquence final où Noiret pète un câble en direct à la télévision et insulte les téléspectateur. J'ai cru qu'il s'agirait d'un film sur les coulisses de la télévision en fait on est dans un polar. En changeant une ou deux scènes, Legagneur aurait très bien pu être une ancienne star du cinéma ou un châtelain fortuné que ça n'aurait pas changé grand chose.
Et si j'ai plutôt bien aimé, au final, le film a du mal à se détacher de son côté "téléfilm français" que ce soit les décors "mignon mais pas ouf", la musique (sans interêt) ou la direction d'acteur. Ca m'avait marqué sur Que la Bête Meure, mais ici c'est aussi flagrant : les acteurs ne sont jamais dans le même registre. Si Noiret et Bernadette lafont sont dans une exubérance tintée d'improvisation, Anne Brochet est en sous-jeu et j'ai du mal à savoir comment joue Robin Renucci : son jeu sonne parfois faux et plat, parfois enjoué. Bon, les années 80 sont passés par là et sa coupe de cheveux et sa veste bleu clair date terriblement le film au point que j'ai checké wikipédia pour savoir si c'était pas le chanteur de Partenaire Particulier.
On voit aussi que Chabrol ne s'emmerde pas avec les finitions et certains détails sont gros comme une maison :
le fait que Legagneur dorme avec un bandeau et des boules quiès est bien pratique pour enquêter la nuit, idem pour les documents compromettant qui sont tous au même endroit, le fait que le chauffeur muet se révèle ne jamais avoir été muet ne sert absolument à rien (c'est juste fun) et la soudaine révélation par Catherine que son parrain est un salaud est vraiment lié à une coïncidence.
D'ailleurs tout dans le personnage de Catherine sonne souvent "peu crédible" : elle se précipite sur le héros le premier soir en l'embrassant, elle agit comme une illuminée au début du film et a une relation avec Wolf auquel on ne croit jamais vraiment.
Après, je me dis que c'est peut-être l'effet des cachets que le personnage est censé prendre.
Voilà. Je n'ai pas passé un mauvais moment. Le film est divertissant, globalement sympathique, mais n'est jamais exceptionnel. Il semble parfois être aussi inspiré que le titre : "Ca s'appelle Masques parce que le méchant il masque ses intentions et le héros aussi." Même l'affiche est un modèle de "c'est pas ouf mais c'est déjà ça."
Dommage.