L’un des genres qui règnent en maître dans le cinéma d’horreur, c’est le slasher. Ce type de film dont le récit s’appuie sur de pauvres gens qui doivent faire face à un dégénéré qui leur cause bien du souci. Des psychopathes hors pairs que le 7ème art ne peut se passer (Freddy Kruger des Griffes de la Nuit, Jason Voorhees de Vendredi 13, le tueur de Scream, Myers d’Halloween...), malgré les qualités douteuses de trop nombreuses suites et remakes dispensables. Ici, nous nous attaquons à l’un des plus célèbres, qui fit trembler les spectateurs dans les années 70 et encore quelques puriste de nos jours : un certain The Texas Chain Saw Massacre, intitulé en France Massacre à la Tronçonneuse !

Toutefois, un avertissement si vous devez voir ce film. De se méfier, comme tous les autres films d’horreur d’ailleurs, de la notion « inspiré d’une histoire vraie » ou « de faits réels » de l’affiche ou de la pochette VHS/DVD. Comme pour Massacre à la Tronçonneuse ! Si le film se base sur un bouseux qui utilisait corps de ses victimes pour en faire des objets (ce qui est montré dans le film durant une scène un peu trop longue), tout le reste n’est que pure invention. À savoir cette famille de congénitaux complément timbrés dont l’un d’eux, surnommé Leatherface (portant le visage de ses victimes), qui use d’une tronçonneuse pour commettre ses méfaits. Eh oui, tout cela n’est que publicité mensongère pour vous rendre compte, pendant le visionnage du film, que tout ce que vous voyez s’est vraiment passé alors qu’en réalité, tout n’est que fiction et mensonge.

Quoiqu’il en soit, Massacre à la Tronçonneuse suit le schéma scénaristique de n’importe quel long-métrage du genre : un groupe d’amis (bien entendu, de préférence des jeunes) qui vont être pris en chasse par un tueur sorti de l’ordinaire qui élimine tous ceux qui pénètrent sur son territoire. Le tout en reprenant les gros défauts et clichés qui sévissent dans ces films. Notamment des personnages d’une incroyable connerie (la fille se réfugiant à l’étage d’une maison alors que le tueur est à ses trousses, un grand classique !) et qui nous servent des répliques aussi puériles que consternants. Le tout via des acteurs vraiment pitoyables. Du coup, on s’intéresse plus au serial killer qu’à ses victimes, qui nous tarde de voir se faire hacher menu le plus rapidement possible.

Sans oublier la pauvreté même du scénario. Ou plutôt des séquences qui ont été filmées. La plupart d’entre elles sont incroyablement longues et bizarrement montées. Des exemples ? La fille principale qui se retrouve pris en chasse, à pieds, par Leatherface, tronçonneuse en marche, pendant au moins 10 minutes. Ou encore la scène du dîner où cette même fille ne fait qu’hurler, en compagnie de la famille Sawyer hilare à l’excès. Et celle où une victime découvre (pendant 5 minutes...) un salon dont le mobilier est fait d’os d’êtres humains. Des longueurs inexplicables qui renforcent un sentiment d’ennui mais surtout la débilité des situations, qui font plus rire qu’autre chose. Et se terminant de la manière la plus grotesque qui soit ! Mais sur le coup, j’accuserais plutôt l’âge du film. Parce que si Massacre à la Tronçonneuse marchait dans les années 70, de nos jours, il fait plutôt office de connerie horrifique qui a lourdement subi les années qui sont passées depuis sa sortie.

Et pourtant, malgré ces rides bien trop voyantes, Massacre à la Tronçonneuse dévoile encore les atouts qu’il avait en poche et qui ont fait son succès. En commençant par cette fameuse arme qu’est la tronçonneuse. Un objet mortel jamais alors vu au le cinéma dans ce but, les conséquences de son utilisation pouvant donner naissance à des séquences d’une violence visuelle insoutenable. Eh bien détrompez-vous : Massacre à la Tronçonneuse n’est pas un film gore ! Ici, rien n’est montré (découpage de membres et autres massacres) mais plutôt suggéré pour laisser notre sordide imagination faire le reste. Et ce par le biais du son produit par cette tronçonneuse, qui remplace toute sorte de musique qui aurait gâché l’ambiance bien moite de ce film. Autre atout : la mise en scène. Même si les plans et le montage dévoilent des séquences qui frisent aujourd’hui le ridicule, il faut reconnaître l’audace du réalisateur. À savoir filmer son long-métrage tel un documentaire, où tout ne semble que réalité (la façon dont s’est filmé, le lien avec la communication et l’actualité montré au début, le fait d’utiliser de vraies tronçonneuses lors du tournage) afin de transformer un fait réel en divertissement (d’où « inspiré d’une histoire vraie »). Afin de faire écho à l’époque du Watergate (où le mensonge régnait en maître). Bref, Massacre à la Tronçonneuse n’est finalement pas un slasher banal, mais plutôt une dénonciation du système américain de l’époque. Voilà d’où le film tire sa renommée !

Mais ça, c’était avant, comme diraient certains acteurs qui se laissent envenimer par l’appel de la pub. Massacre à la Tronçonneuse a beau être un titre incontournable du cinéma d’horreur qui dénonce et qui traversera les âges à tout jamais, le film n’est plus le poids aujourd’hui. Un divertissement horrifique qui a très, très mal vieilli contrairement à d’autres (L’Exorciste) et qui rend du coup l’existence de remakes dans ce cas quasi indispensables pour faire perdurer le mythe.

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