Sergent Pepper est un ignare en matière de film de genre, et le confirme avec cette note en tout point scandaleuse sur le séminal film de Tobe Hooper.
Avec l’étroitesse d’esprit qui le caractérise, il refuse les lois du genre, qui justifient amplement un scénario consistant à faire rentrer tour à tour des candidats à l’abattoir, à subir les hurlements d’une donzelle pendant une demi-heure, et avant eux les éructations d’un paralytique qui tire la langue parce qu’il n’est pas content, notamment de s’être pissé dessus.
Il ne comprend pas à quel point la rudesse du film fait tout son charme, cette volonté de ne pas intellectualiser mais de représenter le mal dans toute sa bestialité, notamment dans un banquet primal qui, il ne l’a pas vu, suscite un effroi sans commune mesure.
S’il admet un certain grain vintage et quelques jolies prises de vues (sous la balancelle, l’entrée dans le corridor de la maison vers la porte coulissante, et surtout, le ballet final autour du camion vers la dernière image dans le soleil), son exigence poseuse et pseudo intellectuelle l’a laissé sur la touche ; lui qui accepte Suspiria pour son baroquisme esthétique, Zombie pour son message contestataire, se retrouve fort démuni face à ce ballet grotesque apparemment dénué de tout propos.
Son problème, c’est le statut du film, culte, censuré, le plus effroyable de tous les temps, etc., etc., et l’ennui assez consternant qu’il a finalement généré ; qu’un récit de 80 minutes commence au bout de 35, embourbé dans une exposition inintéressante, nous avertissant de l’horreur à venir par un personnage inepte et des informations à la radio ; l’épaisseur des personnages, qui n’ont pas plus de charisme entiers qu’en morceaux ; l’horreur qui le dispute sans cesse au grotesque, et qui s’autodétruit dans un salmigondis qui n’effraie pas plus qu’il n’amuse.


Bref. Sergent Pepper cumule tous les défauts : vieux dans ses attentes d’un cinéma qui se doit de dire quelque chose, trop jeune pour avoir découvert les films de genre dans l’ordre, et ne pouvant s’empêcher de voir dans cette œuvre autre chose que l’original de parodies à venir, de Scream à La Cité de la Peur.


C’est dire.

Créée

le 1 avr. 2015

Critique lue 4.8K fois

140 j'aime

27 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 4.8K fois

140
27

D'autres avis sur Massacre à la tronçonneuse

Massacre à la tronçonneuse
Pravda
10

Massacre trop sonore

Je ne vous cacherai pas que la première utilité de cet avis est de permettre à la fan inconditionnelle de ce film que je suis de dire "J'ai vu Massacre à la tronçonneuse sur grand écran, wouhou !"...

le 3 nov. 2014

110 j'aime

30

Massacre à la tronçonneuse
SanFelice
8

Abattoir blues

Contrairement aux autres films cultes du genre, qui sont tous plus ou moins surestimés (Cannibal Holocaust, L'Exorciste ou Evil Dead), ce classique reste toujours terriblement efficace. Dès les...

le 11 avr. 2013

105 j'aime

20

Massacre à la tronçonneuse
DjeeVanCleef
9

Tronche-de-cuir

La première fois que j'ai vu Massacre à la tronçonneuse, c'était en K7 vidéo. La bande magnétique était presque devenue transparente suite aux visionnages successifs. Du coup, j'ai longtemps vécu...

le 9 mai 2015

99 j'aime

17

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

618 j'aime

53