Cinq ans après Pompoko, le réalisateur japonais Isao Takahata met en scène une bien curieuse adaptation, celle du yonkoma "Nos voisins les Yamada", sorte de petite comic strip japonais paru dans le journal narrant de façon humoristique la petite vie d'une famille nippone plus ou moins ordinaire. Mais ce qui fait la particularité de ce neuvième long-métrage, c'est qu'il reprend à l'exactitude la mini-bande dessinée : décors simplistes le plus souvent blancs, animation sobre, découpage des scènes similaire au yonkoma...
Ainsi, Mes voisins les Yamada se distingue fortement des autres films de Takahata mais aussi des précédentes productions Ghibli grâce à son minimalisme aussi déroutant que jouissif, cette sobriété artistique devenant très vite une force en matière d'originalité. Mais Takahata n'en oublie cependant pas sa mise en scène, ici particulièrement soignée, que ce soit dans les mouvements de caméra ou certains transformations visuelles impressionnantes (le mariage du début notamment, évoluant métaphoriquement d'une course de bobsleigh en un voyage mouvementé en bateau).
Nous suivons donc les ridicules péripéties de la famille Yamada, parsemée d'apparitions du narrateur, nous expliquant le mode de vie typiquement japonais d'une famille ordinaire. Pas de réelle intrigue, juste une série de courts évènements arrivant à la famille, nous la présentant de façon drôle et touchante, de la difficile relation père-fils aux erreurs des adultes parfois plus bêtes que leurs enfants en passant par les petits aléas de la vie auxquels nul n'est préparé. Et si certains passages sont soit inutilement longuets, soit parfois dispensables, on ne pourra que s'extasier devant ces 95 minutes pleine de vie, de rires et de pleurs. Sans aucun doute le meilleur film d'Isao Takahata après son bouleversant Le Tombeau des Llucioles.