Le personnage incarné par Christopher Plummer n’a de Sherlock Holmes à peu près que le nom. Sinon, hormis la pipe, le violon et les vêtements, pas grand-chose à voir avec le héros énigmatique de Conan Doyle, qui fait rarement étalage de ses sentiments (pour le souvenir que j'en ai), à l'inverse de Plummer. Le film n’en pâtit en rien, nous offrant une enquête passionnante, qui nous expose une des nombreuses théories sur le vrai Jack l’Eventreur. Le spectateur contemporain fera la comparaison avec l’intéressant From Hell des frères Allen (avec Johnny Depp), qui paraît presque un remake de cette version-ci, sauf que
dans la version contemporaine, Jack l'Eventreur est en quelque sorte un franc-maçon échappé, qui agit pour son propre compte, alors qu'ici, la franc-maçonnerie est beaucoup plus solidaire, cherchant davantage à protéger le criminel, et à étouffer l'affaire.
Si la reconstitution d’époque est bien mieux soignée dans le film de 2001, et que l’ambiance y est beaucoup plus tendue, le film de Bob Clark a le mérite, lui, d’avoir des acteurs bien supérieurs, et plus émouvants. En effet, ce film-ci, outre son aspect plus accessible (moins de sang et de stress), joue la carte de la délicatesse, d’abord grâce aux interprétations de Christopher Plummer, royal, et de James Mason, très attachant. Si le scénario prend quelques détours inutiles (un « voyant » qui ne semble pas servir à grand-chose, malgré le fait non négligeable qu’il est joué par Donald Sutherland), il est riche en scènes prenantes, parfois dures, mais jamais trop éprouvantes. Quoiqu'il en soit, le duo Plummer-Mason reste encore à ce jour (pour moi) le meilleur duo Holmes-Watson incarné sur grand écran.