Vertigineux
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Safety Last contient une des images emblématiques du muet, en tout cas pour les américains et les cahiers d'Histoire du cinéma. C'est Harry Lloyd accroché aux aiguilles de l'horloge géante d'un building (citée dans Retour vers le futur). Lloyd interprétait comme d'habitude son personnage de gentil rachitique, très demandé dans les années 1910-1920. Cet opus met l'accent sur son aura et ses rêves d'homme ordinaire américain – tendance qui est allée croissante le long des apparitions de 'Glasses', qui par ailleurs ne porte pas de messages ou d'ambitions particulières.
Le vertige est suscité bien avant l'ascension. Les jeux spatiaux, récurrents avec Lloyd, concernent aussi les arrières-plans et même les intertitres. Safety Last pratique une espèce de réalisme 'élastique' où quelques décalages créent des symboles loufoques mais appropriés (la corde en ouverture). L'ironie est visuelle à tous degrés, avec une place secondaire pour le ridicule des caractères. Le personnage d'Harold garde toujours sa bienveillance, malgré les clientes et collaborateurs odieux, en dépit de l'adversité. L'acteur exécute encore les cascades par lui-même (souvent des simulations, ou rendues plus impressionnantes par la construction du plan).
Il avait d'ailleurs exécuté des acrobaties similaires (au-dessus du vide) pour Never Weaken/Voyage au paradis (1921), son dernier court-métrage, quoiqu'il n'y subissait pas toutes ces agressions extérieures (comme celles des pigeons). Son personnage est poussé à la combativité physique, où il excelle grâce à son endurance et sa ténacité, malgré une représentation de soi en froussard de bonne volonté. 'Glasses' exprime une nouvelle fois sa volonté d'impressionner pour compenser sa faloterie naturelle et séduire sa bien-aimée (interprétée par Mildred Davis, qui devient l'épouse de Lloyd peu après ce film et abandonne le cinéma – pour être remplacée par Jobyna Ralston). Sur les plans d'ensemble le corps de Lloyd s'agite comme celui d'un homme-araignée.
Cet opus est plus drôle que Grandma's boy (1922). La manie d'étirer les scènes ou situations n'est pas pesante grâce à la fluidité du montage, la nervosité du récit et le côté opportuniste de ces aventures : 'the boy' est un tendre et peine à s'imposer, mais il sait courir, (re)bondir et faire d'une chausse-trappe un ressort. Le spectateur est relativement 'inclus' lors de la séquence en voiture. Lors du dernier tiers, il est aux premières loges d'une ascension sociale et affective 'héroïque' et en accéléré. L'arrivée du parlant accompagnera Lloyd dans une dernière partie de carrière en bas régime (marquée par Movie Crazy et Milky Way). Lloyd reste une vedette majeure du comique muet anglo-saxon, derrière les patrons Keaton et Chaplin.
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le 4 nov. 2016
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