Claque incompréhensible déchainant vents et marées à sa sortie, pilote de série avorté transformé en long-métrage, objet de toutes les interprétations dont le réalisateur lui-même s'est forcé à donner des indices encore plus bizarres... Mulholland Drive reste un chef-d’œuvre volontairement incompris, un puzzle filmique géant, un tour de force cinématographique puissant et onirique qui envoûte et capture, l'un de ces films qu'il est impossible d'apprécier pleinement avec une seule lecture.


"J'ai rien compris..." "Ça veut rien dire !" "Franchement la vérité c'est nul à chier." "Mais ça rime à quoi en fait ?" Tout le monde s'est posé au moins une fois la question.


Condensé extrême de tout son cinéma, David Lynch livre ici un long-métrage fou, incisif, entremêlant les séquences sans lien logique (en apparence) pour perdre son spectateur dans les méandres de son style barré. Un accident de voiture sur Mulholland Drive, une actrice qui passe une audition, une amnésique et une clef bleue, un cowboy mystérieux, une cantatrice espagnole capable de jouer avec les glandes lacrymales, un réalisateur qui étale de la peinture rose sur les bijoux de sa volage de femme... Le film contient bon nombre de séquences sans queue ni tête mais intimement liées pour ne former qu'un tout dont votre matière grise sera la solution, quitte à devoir se creuser les méninges plus qu'il n'en faut.


Certains, à juste titre, ne voudront même pas essayer, préférant un cinéma moins cérébral et plus terre-à-terre.


Polar à enquête complexe, comédie irrésistible, drame poignant, film fantastique enivrant, film érotique, critique insidieuse du monde obscur cinématographique... Mulholland Drive brasse les genres et hypnotise, laissant constamment pantois de par la beauté de ses images, de ses plans, de sa musique, de ce raffinage inouï quant au soin apporté au casting, transcendant les alors inconnues Naomi Watts et Laura Harring. Mulholland Drive ressemble au sexe : une expérience inconnue la première fois, ni bonne ni mauvaise, pas vraiment géniale mais qui donne envie de recommencer. La deuxième fois c'est déjà mieux dans de bonnes conditions. La suite, vous la connaissez : vingt ans plus tard et avec une bonne expérience et de la maîtrise, le résultat n'est que plus jouissif.

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le 22 avr. 2020

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