Vous avez aimé Cyrano de Bergerac?

Vous adorerez la version provençale de ce chef d'œuvre du théâtre français. Le sympathique Toine est largement aussi touchant que le plus célèbre des cadets de Gascogne dans le rôle de l'amoureux transi contraint de cacher ses sentiment par pudeur et de supporter les démarches de son rival. D'autant plus que Fernandel campe ce rôle de bien manière, parfois à la limite de l'exagération, mais sans aller trop loin. Une excentricité pleine de justesse devant laquelle on ne peut que s'incliner.

Alors certes, Toine n'est pas un as du fleuret, ni un orateur plein d'esprit. Son esprit à lui est simple. De cette simplicité de ceux qui ne sont pas aller beaucoup plus loin que l'école primaire. Mais Toine se rattrape par une richesse de cœur peu commune. Il a un cœur gros comme ça. Oui aussi gros que ça. Mais Comme il le dit très bien "Je n'ai aucun mérite, j'ai la place".

Eh oui, parce que Toine est bossu. Cause de son manque de confiance en lui, en particulier lorsqu'il s'agit d'avouer son amour pour Naïs. Vous comprenez mieux le rapport avec Cyrano maintenant. Naïs est très belle, et tout le monde lui fait la cour, même le fils du riche propriétaire de la ferme qui emploi son père. Un futur grand monsieur face auquel notre bossu n'a semble t-il aucune chance.

Ca se complique d'autant plus que le père de la belle est une espèce de barbe bleu qui escompte garder sa fille pour lui tout seul. Oh non, pas pour faire des choses immorales, mais c'est SA fille, vous voyez. Comme son collègue Fernandel, Henri Poupon est impeccable dans le rôle du vieux intransigeant.

Je ne peux pas en dire autant de Jacqueline Bouvier (la future madame Pagnol, pas la future madame Kennedy) dont la beauté un peu trop archétype et le jeu niais sont plus agaçant qu'autre chose. On dirait une Shirley Temple de 18 ans tout droit sorti d'une comédie musicale hollywoodienne. Pareil pour Raymond Pellegrin qui se révèle mou et sans relief.

Enfin, dernier point commun avec l'œuvre d'Edmond Rostand, le nombre assez conséquent de longue tirade dans laquelle les personnages expriment ce qu'ils ont sur le cœur. Sur un ton grave parfois à la limite du grotesque. Mais à l'image de Fernandel, ça reste toujours du bon côté de la limite.

Je ne pense pas que Naïs soit le meilleur des Pagnol, mais il est se situe dans la bonne moyenne. Hélas, il parait un peu oublié à côté, entre autre, de son grand frère La Fille du Puisatier. Un statut immérité qui je l'espère, sera vite rectifié.