D'habitude j'aime bien écrire à chaud pour être le plus fidèle possible aux émotions ressenties devant un film. Mais là, c'était compliqué. Je suis sorti du visionnage très mitigé, incapable de savoir si oui ou non j'avais aimé, incapable de mettre des mots sur toutes les contradictions que porte le film.


Pourtant, plus j'y repense, plus je revois les images du film, plus je me dis qu'il y a quand même des choses sacrément brillantes dans Obsession. J'éviterai ici de faire le comparo avec Sueurs Froides (pas encore vu), d'ailleurs je regrette beaucoup que les critiques se focalisent sur le lien entre les deux oeuvres plutôt que de juger le film pour ce qu'il est.


En premier lieu, Obsession est l'un des travaux les moins formalistes de son auteur. Ce n'est pas plus mal. Cela n'empêche pas De Palma de montrer sa virtuosité et sa maîtrise de l'outil cinématographique - notamment du montage - lors de quelques séquences mémorables, dont évidemment celle de l'aéroport, un chef-d'oeuvre de beauté filmique et de tension scénaristique. Cependant, même si son cadre reste très étudié, quelque part entre Lang, Welles et Hitchcock, Obsession se pare d'une identité visuelle plutôt inhabituelle chez De Palma, avec une lumière crue, légèrement vaporeuse, presque blafarde par moments.


Mais à vrai dire, outre le regard benêt de Cliff Robertson, c'est plutôt le scénario qui m'a dérouté au point de ne plus savoir quoi penser du film. Certes il ménage un véritable suspense et convoque des pistes de réflexion fascinantes sur le deuil, la culpabilité, la folie. Mais il ne cache au final qu'une grossière machination et surtout des incohérences gênantes qui rendent les fondations branlantes.


Il est par exemple assez hilarant de voir la police remplir une valise de papier blanc plutôt que de faux billets : que serait-il arrivé si jamais le kidnappeur avait ouvert la valise avant de retourner au repaire ? Et cela alors que l'inspecteur avait assuré à Count que sa famille ne courrait aucun risque... D'ailleurs, en passant, comment les kidnappeurs pouvaient-ils être sûrs que Court serait un assez mauvais père pour rester les mains dans les poches pendant que sa fille appelle à l'aide en pleurant ? Enfin, comment Lasalle pouvait-il être certain que toutes les conditions seraient réunies pour que Court rencontre Sandra à Florence ? A moins que Lasalle et Sandra aient échaffaudé leur plan plus tard, en Amérique, mais si c'est le cas il faudrait le laisser entendre...


Malgré tout, je pense que le film possède un vrai pouvoir de fascination - auquel les compositions grandioses de Bernard Herrmann ne sont pas étrangères - et qu'il va me rester en tête pour un bout de temps, d'où une indulgence évidente.

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le 28 août 2016

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magyalmar

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