Treizième aventure pour James Bond, la sixième avec Roger Moore dans la peau du célèbre agent britannique, Octopussy prend la suite de Rien que pour vos yeux, et cela, rien que pour nos yeux également.
Autant que Roger Moore, malgré l’âge qui avance, garde sa place dans le rôle principal, John Glen repart également pour un tour à la réalisation du film. Après Rien que pour vos yeux, avec ses qualités, nous pouvons donc dire que nous sommes entre de bonnes mains, a priori. Le film débute d’ailleurs sur de bonnes bases, avec la traditionnelle scène d’introduction, impressionnante, saupoudrée d’humour, juste comme il faut et quand il le faut. De quoi nous plonger rapidement dans le film, pour nous lancer dans la nouvelle mission qui nous intéresse. Une histoire de bijoux et d’argent, qui cache sûrement quelque chose de plus grand. En effet, derrière se cache un plan échafaudé par un général soviétique qui cherche à provoquer le désarmement de l’Europe de l’Ouest pour lancer une invasion et agrandir le territoire. Laissée de côté depuis L’Espion qui m’aimait, la guerre froide fait donc son grand retour dans Octopussy, ravivant la peur de l’apocalypse nucléaire.
Cette fois, James Bond embarque pour l’Inde, une destination qu’il n’avait encore jamais visitée. Une Inde de carte postale, pour ne pas dire remplie de clichés, mais cela fait partie de la culture de l’exotisme prônée par les films James Bond depuis les débuts de la saga. Octopussy cherche à mêler petite et grande histoire, avec ces deux couches respectivement constituées du trafic d’objets précieux, et du plan d’invasion de l’Europe. Une démarche permettant de donner de la substance à l’intrigue, mais qui comporte aussi des risques, provoquant, en l’occurrence, un développement parfois confus des enjeux, et une incapacité à totalement s’affirmer, puisque les efforts se retrouvent répartis entre ces deux aspects. Cela ne fait pas d’Octopussy un film particulièrement compliqué ou complexe, mais c’est ce qui a notamment pour effet de lui faire subir une sérieuse baisse de rythme au beau milieu du film. Voir double, c’est probablement ce qui fait le principal défaut de ce film.
Proposer deux méchants, en les personnes de Kamal Khan, incarné par Louis Jourdan, et le général Orlov, fait que les deux ne parviennent pas à être suffisamment développés, faisant baisser l’intérêt du spectateur envers le premier, et faisant regretter que le second n’ait pas plus de temps d’écran. Octopussy explore également brièvement la piste d’un personnage féminin en tant qu’antagoniste principal, en la personne d’Octopussy justement, ce qui aurait offert quelque chose de tout à fait nouveau, mais cette piste est très vite écartée. Un personnage qui pouvait avoir de l’ampleur, mais qui finit, hélas, par vite s’effacer. Pour le reste, on retrouve tous les éléments faisant l’intérêt d’un James Bond, avec, à nouveau, moins de complexes que dans le film précédent, ce que l’on peut regretter à plusieurs reprises, notamment lors du plan ubuesque où Bond saute de lianes en lianes en reprenant le cri de Tarzan.
Malgré ces défauts, Octopussy n’est pas non plus un mauvais Bond, ou un mauvais film tout du moins, car il propose de bons moments de divertissement, une James Bond girl intéressante bien que sous-exploitée vu le personnage, et il reste généralement bien réalisé. Restent les inévitables touches d’humour qui, contrairement à Rien que pour vos yeux notamment, tendent à surgir avec un timing plus incertain et, surtout, cette volonté de jouer sur plusieurs tableaux qui a pour effet de voir le film être parfois dépassé par les enjeux qu’il énonce. Des qualités, donc, et des défauts, toujours, faisant d’Octopussy un opus correct et qui s’apprécie tout de même.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art