Monsanto Troopers

Okja est un conte moderne, narrant une petite histoire qui finit bien, elle-même encastrée dans une grande histoire qui finit mal.

Rares sont les films de divertissement à vouloir aborder le thème de l’élevage intensif ; Okja le fait, c’est déjà bien, mais à le faire il aurait pu approfondir un peu plus.

Mis à part l’invention d’une nouvelle espèce, il n’y a rien d’irréel dans Okja. Quoi de plus vrai que la relation avec l’animal, la production industrielle de viande, la loi du marché qui gouverne, les associations protectrices qui moussent dans un combat perdu d’avance…
Au final, le tout est remixé façon fiction neuneu au scénario basique, et voilà.
Netflix aime bien produire ce genre de trucs : anti-système vite fait mais fun quand même, parti pris artistique un peu différent mais au final pas tant que ça…

Perso j’ai bien aimé parce que le super cochon est mignon, que le tout bouge bien et que la satire, bien que simplette, reste louable. Appréciable aussi le casting coloré qui s’amuse, plein d’acteurs pas trop chers mais qui font plaisir au spectateur parce que « eh, c’est le mec de walking dead » ou encore « eh, mais c’est l’acteur dans prisoners, là…. Il y était déjà avec Gyllenhaal, je l’ai reconnu gnagnagna areuh areuh remets moi du coca en perfusion, que je mate le gros hippopotame cochon faire des bêtises lol)

Euh… ah oui, la critique.

Mais ce qu’on retire surtout, c’est que le film entier est aussi vain que ce qu’il s’y passe. Comme le dit l’autre biatch vers la fin « tant que c’est pas cher, les gens l’achèteront ».

Parce que oui, tout le monde s’en fout. On regarde des films à messages, des docus choquants pour les plus courageux et autres foutues émissions télés dévoilant la vérité vraiment vraie du monde occidental, et le couillon moyen se dit « oh la la, c’est pas normal quand même », pour le lendemain trainer son cul ramolli par le plastique qu’il ingère quotidiennement dans le supermarché le plus proche, où il remplit compulsivement son caddie de toutes les immondices bien présentées, pour ensuite s’en gaver avidement et se ruiner encore plus la santé.
Ce connard là c’est toi, c’est moi, c’est tout le monde, à part quelques chanceux loin du monde, qui savent encore ce que c’est l’eau fraîche, la terre vivante et vivre une journée sans fixer un écran.

Réalité aussi atroce que banalisée, sur laquelle on ne cesse de faire de l’art pour se « soulager », faute de faire quoi que ce soit d’important.
Alors on travaille, on travaille, on travaille, on s’occupe de sa famille, en bons esclaves modernes, et le temps qu’il nous reste on est fatigués, alors on fait notre petit sport pour vider la petite tête qui grésille, on regarde notre petit divertissement, on mange nos déchets recyclés emballés dans des paquets verts marqués sans huile de palme AH BEN ÇA CHANGE TOUT EH, C’EST SANS HUILE DE PALME ! Et sans colorants attention AH BEN ÇA – TA GUEULE ! Bourrés de particules de glyphosate (vive les résidus de pétrole, stockons-les gaiement dans nos organes génitaux !) et on va se coucher, lourds, apathiques, et bien mouliguasses comme on dirait chez moi, dans le sud.

Alors oui, Okja, tu es un mignon petit film et je t’aime bien.

Mais tu ne sers à rien.