La belle et les bêtes
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Je l'ai attendu hier ! Pour m'occuper l'après-midi en attendant que Netflix daigne le mettre en ligne, j'avais donc l'embarras du choix: poursuivre ma lecture du moment, à savoir The Man in The Okjastle. Ou bien jouer à un jeu - The Legend of Zelda Okjarina of Time (un jeu Piggy 3). Ou alors, regarder un film - Jarret ou ma mère va tirer !, Apokjalypse Now ou un autre film culte des 70's ? J'opte finalement pour cette dernière solution, un Walter Hill et une histoire de gangs, qui s'avérera un choix payant.
Ma soirée démarre donc par une introduction sucrée me plongeant dans l'élevage porcin et les OGM, le film étant supervisé par l'un des maîtres du cinéma en provenance de Gorée du Sud, j'ai nommé Bong Joon-Ho. Au menu, de la conspiration d'un mastodonte de la consommation, un jeu de chat et la souris, et de l'ultra-surveillance à très long terme de 26 cochons d'exception élevés tout autour du globe. Pig Brother is watching.
Non content de nous proposer d'être au cœur d'une relation particulière entre un énorme cochon et une héroïne toute menue (ce n'est pas un boudin, rassurez-vous), le réalisateur du cultissime Memories of Murder (bientôt de retour en salles alors foncez !) nous présente également une bande d'activistes copains comme cochons ayant les cochons comme copains. Il faut croire que défendre la cause animale crée des liens: Okja, connecting people. Souvent drôles malgré eux, c'est avec plaisir que l'on retrouvera notamment Steven Yeun - Glenn dans The Walking Dead – et Paul Dano – vu assez récemment dans l'excellent Prisoners. Côté distribution toujours, l'excellent Giancarlo « Gus Fring » Esposito nous régale de sa classe et de sa sobriété, contrastant avec le cabotinage de Tilda Swinton. Ce dernier passera pourtant pour de la retenue face au jeu complètement halluciné et hallucinant de Jake Gyllenhaal. Jeu auquel j'ai particulièrement goûté, en comparaison de rôles habituellement plus sérieux - mais que j'aime quand même en général, tel Jarhead (insérer un jeu de mots porcin ici).
Musicalement l'oeuvre de l'auteur du "regardable" Snowpiercer est coincée quelque part entre un Emir Kusturica et un Wes Anderson. Visuellement et narrativement, Okja ressemble à une sorte d'essai live de Miyazaki dont le propos aurait toutefois été asséné à la truelle. Ce dernier n'en reste pas moins percutant par moments - un peu lourd à d'autres - et permet de mesurer de manière froide et implacable l'inhumanité en matière de traitements infligés à nos compagnons porcins. L'une des grandes forces de cette production Netflix est de savoir garder assez de légèreté pour mieux nous cueillir avec sa violence très coréenne, aussi bien visuelle que suggérée. Au milieu de toute cette barbarie, quelques bulles d'air qui permettront au spectateur, tel un Sonic en plein Labyrinth Zone, de respirer un peu. Le film devient alors fable, mêlant délicatement poésie et grâce. A l'image de cette scène attendrissante durant laquelle Okja plonge maladroitement dans un plan d'eau, se croyant sans doute au bassin d'Ar-cochon.
Epopée Or-rouellienne à la sauce caramel, Okja multiplie les saveurs tantôt douces tantôt amères, le constat final demeurant néanmoins sans appel: l'Homme est définitivement un sale ami pour le porc.
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Créée
le 29 juin 2017
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