Dans le New York des années 1980, un chaton errant, Oliver, cherche désespérément un toit pour l’accueillir. Celui qu’il trouve appartient à une péniche où le sans-abri Fagin a trouvé refuge avec sa bande de chiens. Mais voilà qu’un jour, Jenny, une petite fille dont les richissimes parents sont constamment en voyage autour du monde, découvre Oliver et décide de l’adopter. Séparé de ses amis d’un temps, Oliver se plaît en compagnie de la bienveillante Jenny, mais Fagin et ses chiens ont désespérément besoin de lui et ne peuvent se permettre de l’abandonner à sa nouvelle vie…
Alors que Basil, détective privé commençait à faire remonter la pente aux studios Disney après le triste échec de Taram et le chaudron magique, Oliver et compagnie transforma l’essai en renouant avec le public habituel et en préparant le terrain au prochain La Petite Sirène. Son succès, certes modéré, est toutefois difficilement compréhensible quand on voit la perte de qualité du film par rapport à ses prédécesseurs.
Réalisé par un illustre inconnu ayant fait ses classes chez Hannah-Barbera, George Scribner, Oliver et compagnie semble vouloir revenir au ton cartoonesque de la grande époque, mais sans jamais lui arriver à la cheville. Plombés par un mauvais goût typique des années 1980, les graphismes oscillent entre le bon (les animaux) et le très mauvais (Fagin et Sykes, deux horreurs sur pattes), la déformation du trait des personnages rompant avec le sens des proportions qui caractérisa toujours les films Disney en engendrant ici plus de dégoût que de rire. Cette absence de goût est malheureusement ancrée au plus profond du film, à cause de ce choix désastreux de transposer une vague adaptation de l’Oliver Twist de Dickens dans le New York des années 1980. Le problème, c’est que le New York des années 1980 n’a vraiment rien de séduisant, et qu’on voit mal ce qui est censé nous accrocher dans l’ambiance crapoteuse du film, hormis l’utilisation intelligente et désormais institutionnalisée de l’ordinateur dans la conception du cadre (décors et objets) du récit, puisqu’Oliver et Compagnie marque la création d’un département spécialement consacré à la synthèse au sein des studios Disney.
Originellement prévu pour être une suite aux Aventures de Bernard et Bianca, le film de Scribner ne parvient toutefois pas à retrouver l’équilibre qui caractérisait son modèle, ne contrebalançant presque jamais son esthétique sombre par la poésie de ses personnages. Ici, les personnages témoignent d’une terrible absence d’empathie, seule la scène de confrontation entre Fagin et Jenny sur les quais réussissant à créer un début d’émotion, tandis que la scène d’évasion qui suit illustre à merveille ce qu’aurait dû être le film. Mais au lieu de ça, les scénaristes, malgré la présence - entre autres - de James Mangold à la barre, ne rentabilisent jamais la première moitié du film, préférant enchaîner des chansons insipides (insipidité d’autant plus incompréhensible que la reprise instrumentale des chansons dans le générique de fin est plutôt belle) et des scènes longuettes qui, sans être foncièrement mauvaises, ne s’impriment jamais en mémoire.
Reste qu’Oliver et compagnie, malgré ses fortes inégalités, témoigne de nombreuses idées qui, peu exploitées, n’en sont pas moins présentes, tant au niveau des personnages (le bouledogue cultivé et amateur d’art) que des péripéties (le tiraillement d’Oliver entre sa bande d’amis et sa famille d’accueil), ce qui permet de sauver les meubles d’un film peu mémorable, mais jamais détestable pour autant.