Comme un poème fracturé, One deep breath expose les images du deuil sous la forme d'un collage cinématographique explorant la mémoire. Pour son deuxième long métrage, Antony Hickling resserre l'étreinte et le regard mais fait preuve d'autant d'audace que pour l'inclassable Little gay boy.
C'est une lente spirale dont la courbe s'éloigne pour mieux revenir, l'esprit de Maël endeuillé se cognant sans cesse aux souvenirs tenaces, réels ou fantasmés, bribes d'une vie à deux, d'un amour à fleur de peau, de désirs contrariés.
Maël et Adam se sont aimés, Adam a aimé Patricia dont Maël fut jaloux, puis Adam est mort, Adam s'est suicidé. Alors les images reviennent, prennent forme, se répètent et se télescopent dans la mémoire de celui qui est resté en vie.
L'audace est dans la juxtaposition, la répétition et le fil non narratif, dans le risque de heurter aussi, ne pas séduire, proposer un cinéma radical, volontaire, audacieux. Soutenu par le fidèle Manuel Blanc, tout entier exposé, Antony Hickling ose et assume.
Très maîtrisé formellement, travaillant les contrastes entre scènes sur le vif, images dépouillées, érotisme brut, ruptures arty, One deep breath nous rappelle que le cinéma est toujours une terre d'exploration.