Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des bons, des très bons, The social network ou Le loup de Wall Street pour ne citer que ceux-là. Donc le problème n'est pas là, ni même quand on réalise qu'on ne comprendra jamais ce que Kim Chapiron veut nous dire.
Finalement, on pense assez vite connaître la réponse. C'est en vérité une demi-réponse, mais c'est tout de même la clé du problème. La triste vérité de La crème de la crème tient à l'indigence de son scénario. Tout y est improbable, rien ne tient, les personnages se contentant de graviter à la surface d'un méli-mélo faussement subversif à côté duquel Sous le soleil sonne comme le summum du trash.
Mais le pire n'est pas là. Le pire est de nous faire croire que n'importe qu'elle fille [jolie], qu'elle soit employée de supérette, militante de Greenpeace, distributrice de journaux gratuits ou vendeuse de parfums, n'importe quelle fille aux revenus modestes donc, est prête à se prostituer. Et ça c'est abject. C'est abject et nul, impardonnable. Que ce soit dû à la faiblesse du scénario, à la méconnaissance du sujet, à la superficialité du discours, peu importe. C'est juste puant.
On ne retiendra rien d'autre d'un film à la mise en scène aussi vide que le scénario, à l'interprétation passable, à la scène de fin grotesque. Et puis on se souviendra avec tristesse que Marianne Denicourt fut jadis incroyablement lumineuse.
Dog pound était un film brillant, Sheitan un ratage total, La crème de la crème est bien pire.