⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Kim Chapiron m'avait laissé quelque peu groggy avec "Dog Pound", son aventure américaine en forme d'uppercut qui laissait poindre une certaine maturité et une envie de s'attaquer à des sujets plus consistants après son premier essai de sale gosse. Le trublion revient cette fois au pays, mettant en image le script d'un jeune scénariste de vingt-six ans, Noé Debré. Mais derrière les belles promesses d'un sujet en or et plutôt couillu dans un cinéma français bien morne, "La crème de la crème" pose problème pour deux raisons.

La première, est tout simplement qu'il arrive bien longtemps après deux oeuvres ayant traité d'un sujet proche. D'un côté, "Risky business", sorti en 1983, torpillait le genre bien neuneu du teen-movie en offrant une vision sarcastique d'un capitalisme outrancier, racontant les déboires d'un Tom Cruise fils à maman appliquant ses leçons d'économie en devenant le proxénète attitré du bahut. De l'autre, "Les lois de l'attraction", adaptation par Roger Avary du roman sulfureux de Bret Easton Ellis, vision frappadingue et orgiaque des campus américains.

Le deuxième problème concerne le film lui-même, superbe pétard mouillé qui ne décolle jamais vraiment et qui ne ferai pas même sourciller le plus prude des bourgeois. Ce n'est pourtant pas faute à Chapiron d'essayer mais il manque clairement un rythme, une énergie, et surtout une nuance dans l'écriture, "La crème de la crème" tombant trop facilement dans la facilité et les raccourcis.

Le peu de charisme du casting (hormis peut-être Alice Isaaz) n'aide pas non plus à l'appréciation d'un film mollement mis en scène, trop propre sur lui et se dégonflant sans cesse, jusqu'à une dernière partie interminable osant à nouveau le coup de la romance contrariée. Car finalement, le véritable propos de "La crème de la crème" est là: nos jeux incessants camouflant nos angoisses et notre solitude, notre peur de l'autre, de l'amour véritable. Une idée pas inintéressante au demeurant mais traitée un peu n'importe comment. Reste l'utilisation amusante d'une bande son typiquement franchouillarde (du Sardou chanté comme la marseillaise, du Carla Bruni en guise de slow dans une soirée baise...), mais c'est bien peu.

Je vous aime énormément, monsieur Chapiron, mais je préfère encore quand vous faites l'abruti avec vos potes et Cassell, parce que si votre nouveau film représente tout ce que le cinéma français actuel peut pondre de plus subversif, on est mal barré.
Gand-Alf
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Instant cinéma 2015. et 2014.

Créée

le 19 mars 2015

Critique lue 2K fois

24 j'aime

5 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 2K fois

24
5

D'autres avis sur La Crème de la crème

La Crème de la crème
pierreAfeu
1

La gerbe de la gerbe

Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...

le 14 avr. 2014

41 j'aime

21

La Crème de la crème
Velvetman
4

La crème de la crème

La crème de la crème avait tout pour plaire et se faire une place au soleil dans le petit microcosme du cinéma français. Cependant malgré un projet de départ alléchant et se concrétisant par une...

le 7 août 2014

32 j'aime

1

La Crème de la crème
Gand-Alf
4

L'offre et la demande.

Kim Chapiron m'avait laissé quelque peu groggy avec "Dog Pound", son aventure américaine en forme d'uppercut qui laissait poindre une certaine maturité et une envie de s'attaquer à des sujets plus...

le 19 mars 2015

24 j'aime

5

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20