L'une des forces du cinéma d'Ozu, c'est d'aborder à de nombreuses reprises des thématiques similaires, sans jamais se répéter et sachant toujours être juste, simple et teinté d'émotion, comme en témoigne Où sont les rêves de jeunesse ?.
Ici, il va s'intéresser à la famille par le biais de la transmission et l'héritage, mettant en scène un jeune homme préférant vivre sa vie et ses rêves plutôt que celle imaginée par son père, jusqu'à ce que ce dernier décède et lui lègue son usine. Le ton de l'oeuvre est d'abord plus axé vers le burlesque où l'on découvre la vie insouciante du jeune Tetsuo, avant de légèrement s'aggraver, et notamment de s'intéresser au travail puis surtout à l'amitié, et se demander si elle peut survivre face aux inégalités sociales et changement de statu.
Ozu s'intéresse à cela avec une certaine simplicité, qui se révélera néanmoins bouleversante dans la dernière partie du récit, surtout cette explication entre les deux amis où ils haussent le ton. Il trouve le bon équilibre, démontre son talent dans les différents tons qu'il met en scène et surtout s'intéresse d'abord aux personnages, les rendant passionnants, surtout Tetsuo puis ceux gravitant autour de lui, sachant exprimer ses propos avec finesse par le prisme de simples moments de vies.
Comme dans Gosses de Tokyo, il démontre une vraie maîtrise du cinéma muet alors qu'il n'a que 29 ans, que ce soit dans la gestion du rythme, la direction d'acteurs où la façon de véhiculer ses propos et émotions. La construction du récit est habile, sachant changer d'atmosphère au fur et à mesure que l'oeuvre avance tandis que ses plans et mouvements de caméra sonnent toujours juste, mettant bien en valeur les réflexions qu'il met en place.
Ozu propose avec Où sont les rêves de jeunesse ? une passionnante lecture sur la famille, le travail ou encore l'amitié, démontrant un vrai savoir-faire, une sobriété et simplicité exemplaire pour véhiculer ses propos et une forte émotion.