La poudre (de fée) aux yeux

En voilà un dont la BA me faisait déjà peur : des clowns-pirates, Peter abandonné par sa mère, des enfants perdus travaillant dans les mines, un Garrett Hedlund plus proche d'Indiana Jones que du Capitaine Crochet... Seriously ???

Et puis en fin de compte, ça ne démarrait pas si mal. Toute la première partie dans l'orphelinat tenu par les bonnes sœurs (qui n'ont de "bonnes" que le nom) respire l'esprit du Peter Pan que je connais. S'ensuit une séquence de haute voltige entre un bateau pirate et une escadrille de la Luftwaffe (vraie-fausse bonne idée piquée à Return to Neverland), puis vient enfin l'arrivée dans le mythique Pays Imaginaire.

Autant je passerai sur le relooking de ce dernier ainsi que sur son bestiaire assez curieux (des poulets carnivores maousses au plumage multicolore... ahem), autant s'il y a bien un truc qui m'a gêné par-dessus tout c'est l'entrée en scène de Barbe-Noire. Non pas que celui-ci manque de classe, au contraire, même si on a déjà vu Hugh Jackman en bien meilleure forme. Mais...

D'ailleurs parlons-en des trucs inutiles: si le scénario de Pan regorge d'idées intéressantes (la poudre de fée permettrait en fait de rajeunir, ce qui explique pourquoi les habitants du pays imaginaire ne vieillissent pas; Peter serait en fait le fils du Dieu Pan, etc...), aucune n'est exploitée jusqu'au bout. Tout ce qu'on a, c'est un Hugh Jackman très vilain, qui du jour au lendemain décide de trucider toutes les fées parce que... parce que... Bah, on ne sait pas pourquoi en fait ! Le mec, il n'aurait qu'à s'en procurer une ou deux qui lui fournirait de quoi rester jeune éternellement, mais non, au lieu de ça il décide d'en faire un génocide... A croire que le souvenir hitlérien soit vraiment la seule source d'inspiration viable d'Hollywood quand il s'agit de créer un méchant. D'ailleurs l'action prend place pendant la Seconde Guerre Mondiale, prise de liberté considérable avec l'oeuvre de Barrie, dont l'intrigue se situe au début du siècle (sans compter que ce film est censé raconter ce qui s'est passé avant cette dernière...).

Concernant les points positifs, ils sont peu nombreux. Visuellement c'est correct, les fonds verts ont été bien exploités, un bel effort également du côté design (le bateau de Barbe-Noire est très réussi). Côté acteurs, Rooney Mara est la seule qui me semble le plus à sa place, quoique une indienne blanche comme un cul... Bah, on n'est plus à ça près. En revanche, cette version de M. Mouche... Non, désolé, ça ne passe pas.

En deux mots, on tient là un divertissement de petite vertu, mais certainement pas la préquelle digne de ce nom des aventures du héros de mon enfance. A côté de ça, même la mini-série Neverland, de très faible qualité, avait au moins le mérite de fournir des explications concrètes à la naissance du mythe et au déclenchement de la querelle entre les deux grands adversaires; soit tout ce que ce film ne fait pas.

Reste à savoir si une éventuelle suite est envisageable, mais au vu du box-office US catastrophique mieux vaut ne pas miser dessus...