De la mythologie sans envergure
En adaptant la saga littéraire Percy Jackson, 20th Century Fox pensait sans l’ombre d’un doute avoir sa saga à la Harry Potter, créer une toute nouvelle franchise qui saura attirer (et surtout plaire) aux petits comme aux grands. D’attirer un nombre impressionnant de fans pour ramasser un bon paquet d’argent tout en essayant de combler leurs attentes. D’ailleurs, en y regardant bien, ce n’est sans doute pas un hasard si Chris Columbus, réalisateur des deux premiers opus de la série de J.K. Rowling, s’est chargé de la réalisation du premier Percy Jackson (Le Voleur de Foudre). Même si le film a remporté de quoi rembourser son budget, l’accueil n’a pas été des plus convaincants : chiffres pour le moins décevants vu l’attente, des critiques peu emballantes… Beaucoup de mauvais résultats à rattraper avec ce second long-métrage !
Pourtant, un problème se pointe déjà à l’horizon de cette Mer des Monstres : sa petite promotion. Un film de cet acabit se doit d’avoir un minimum de publicité pour se faire connaître auprès du grand public et ce bien avant sa sortie, histoire d’attirer les spectateurs. Or, la Mer des Monstres s’est fait connaître au moment de sa première bande-annonce, soit seulement quelques mois avant d’être diffusé en salles. Un laps de temps trop court pour rappeler aux gens que Percy Jackson est toujours de la partie au cinéma, que ses aventures peuvent encore donner des films. Du coup, ce projet s’est cassé les dents bien avant d’avoir commencé, la faute à des producteurs et instigateurs qui ne semblaient plus avoir foi en leur film. Un désespoir qui s’observe à chaque seconde de ce long-métrage !
Déjà, après avoir choisi Chris Columbus, il faut vraiment être fou pour le remplacer par quelqu’un de moins connu, avec un pedigree moins alléchant : Columbus a fait Maman, j’ai raté l’avion, Madame Doubtfire et écrit Gremlins et Les Goonies ; Thor Freudenthal n’a que Palace pour chiens et Journal d’un dégonflé à son actif, c’est pour dire ! Libre et louable à 20th Century Fox de donner une chance à de nouveaux cinéastes. Encore faut-il avoir du talent et un minimum de savoir-faire pour pouvoir porter un tel projet sur ses épaules. Sinon, on se retrouve, comme cette Mer des Monstres, avec un film sans aucune personnalité, diablement plat… un pur produit de producteurs ! Un film commercial sans aucun génie !
Autre preuve que les producteurs aient perdu toute confiance en Percy Jackson : avoir gardé les mêmes défauts que le film précédent. Et ils sont nombreux : scénario inconsistant, personnages fades, effets visuels dégueulasses, musique qui en fait trop, humour à deux balles qui pense faire mouche mais en vain, des séquences d’action qui se veulent spectaculaires mais n’ont finalement aucune étincelle, le design de certaines créatures (Cronos…) laissant à désirer, une ambiance générale pour les jeunes de 8 à 14 ans (un livre pour adolescents ne doit pas forcément donner un film qui manque cruellement de maturité), des décors en carton de pâtes… Tout ce qui faisait du premier film un ratage complet aux vues de son budget assez conséquent. D’ailleurs, les producteurs s’en sont rendus compte de l’échec prématuréde la Mer des Monstres, au point que le budget de cette suite ait été diminué par rapport au premier (95 000 000 $ 90 000 000 $) alors qu’une séquelle est normalement plus chère que son prédécesseur. Un financement en baisse, dans le but de limiter la casse.
Un film qui ne prend donc aucun risque pour vouloir s’améliorer, ayant peur du changement surtout là où il faudrait, notamment en ce qui concerne le casting. Ceux qui avait aimé le premier film seront contents de retrouver les acteurs du premier opus (Logan Lerman, Brandon T. Jackson, Alexandra Daddario, Jake Abel…). Les autres seront à nouveau frustrés de revoir ses mauvais comédiens qui jouent plus comme dans une série musicale signée Disney que dans un film hollywoodien. Frustrés également de voir la saga perdre ce qui lui restait de prestigieux, à savoir des interprètes de renommée : dites adieu à Pierce Brosnan (remplacé par un inconnu du grand public), Sean Bean, Steve Coogan, Rosario Dawson et Joe Pantoliano. Ici, vous aurez juste droit à un Nathan Fillion (la série Castle) et à Stanley Tucci, certes fort sympathiques, ainsi qu’à la voix de Ron Perlman, pour des rôles de quelques minutes. C’est peut-être également à cause de cela que la promotion de la Mer des Monstres n’ait pas réussi à marquer les esprits. Qu’en pensez-vous ?
Le fait que la production ait décidé qu’il n’y aurait pas de troisième film Percy Jackson confirme tout ce qui a été dit jusque-là : la franchise cinématographique n’avait franchement aucun avenir vu comment elle avait commencé, et il vaut mieux en rester là avant de poursuivre le massacre. Avec les remarques faites sur le premier film, ce Percy Jackson 2 avait de quoi pour corriger le tir. Le fait que rien n’a été fait pour donner plus d’envergure à l’ensemble renforce le sentiment de déception éprouvé dès le début du film. Quand on pense que l’univers créé par l’auteur Rick Riordan avait de quoi faire un divertissement hollywoodien digne de ce nom…