Percy Jackson : La Mer des monstres par Filmosaure
La suite des aventures du demi-dieu adapté de la pentalogie écrite par Rick Riordan se révèle aussi décevante que le premier opus. Plus encore que n’importe quelle autre saga sur les écrans en ce moment, Percy Jackson nous sert un erztz de Harry Potter uniquement inspiré de ce qui a pu se faire auparavant en matière de blockbusters, incapable de se forger sa propre identité.
Il ne semblait pourtant pas compliqué de surpasser Percy Jackson : Le voleur de foudre, honteusement raté par Cris Columbus malgré le potentiel de richesse qu’offrait un univers inspiré de la mythologie grecque. Le réalisateur, à l’origine des des deux Harry Potter les plus routiniers de la saga (Harry Potter à l’école des sorciers et Harry Potter et la chambre des secrets), n’avait su que sacrifier l’oeuvre de Riordan sur l’autel de la mise en scène bâclée, jugeant probablement tout effort inutile à destination d’un public relativement jeune.
Ce deuxième opus tient donc toutes ses promesses de médiocrité avec un changement de réalisateur qui n’augurait déjà rien de bon. Thor Freudenthal semble avoir listé un maximum des règles d’un bon scénario Hollywoodien par Blake Snyder et les avoir cochées une à une sans se soucier d’y allouer une once d’originalité. Un personnage rival qui se révélera le meilleur des alliés ? Check. Un sacrifice ? Check. Tout est perdu 15 minutes avant la fin ? Check. Les méchants expédiés par ordre de badassitude ? Check. Les protagonistes enchaînent les événements sans grande conviction, sans parvenir à se rendre attachants, dans un film qui comble ses brèches en pompant allègrement sur ce qui a fonctionné dans le passé (Les aventuriers de l’arche perdue et Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban et même The Dark Knight en prennent pour leur grade). On prend clairement le spectateur adolescent pour un être sans cervelle.
De base, lorsqu’une suite ne parvient à réunir tout le casting d’origine d’une part, et offrir une continuité dans le traitement des personnages d’autre part, l’ensemble risque de perdre en crédibilité. L’on se demande pourquoi Pierce Brosnan a abandonné le navire, bien que remplacé par le sympathique Anthony Stewart Head, et la saga se retrouve amputé par la même occasion de Sean Bean et Steve Coogan accompagné de Rosario Dawson alors que les principaux Dieux ne feront aucune apparition. Logan Lerman a perdu de son charme en Percy Jackson – mais que lui ont-ils fait pour lui donner l’air si benêt ? Quant à la charmante Annabeth jouée par Alexandra Daddario, elle se retrouve reléguée à un rôle complètement fade à l’image de sa nouvelle blondeur, et se fait voler la vedette par l’exacte réplique de son ancien personnage, couleur de cheveux comprise, en la personne de Clarisee LaRue, fille du dieu Arès. Il ne peut y avoir qu’une jolie brune insupportable, et l’on sait déjà au dénouement qui sera celle du 3è film. Nous passerons rapidement sur les faux airs de Draco Malfoy de Luke, et l’affreux manque de charisme de la majorité des protagonistes qui rend toute empathie absolument impossible.
Tout n’est pas à jeter : l’on sourit deux ou trois fois grâce à quelques vannes (aux ficelles énormes : l’ami black marrant, le jeu de mot foireux…). L’ensemble, trop linéaire et paradoxalement chaotique, provoque tout de même moins d’ennui que le premier film, mais sera à l’origine de nombreux yeux levés au ciel devant tant d’artificialité. Les combats sentent l’entraînement vite expédié, les enchaînements sont mous, les objets à mettre en valeur comme la fabuleuse Tison d’Or sentent bon le plateau de tournage. Comme dans le premier, les personnages hurlent dans tous les sens lorsqu’ils doivent se faire discrets, parlent pendant des heures et se font des câlins au lieu de sauver le monde à temps, et les “twists” sont si prévisibles qu’on en pleurerait. La mer des monstres devrait s’intituler la mer DU monstre et le boss de fin, qui promettait du lourd, fait l’effet d’un pétard mouillé.
L’on aurait attendu plus de profondeur, plus de pédagogie sur la mythologie grecque, plus de subtilité à l’attention de ce jeune public. L’évolution des Harry Potter démontre qu’on peut faire une bonne saga sans tomber dans la médiocrité et le déjà-vu. On espère donc que les prochains opus sauront tirer les leçons de cet échec et enfin faire honneur à la saga Percy Jackson.