---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au onzième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


La lune ne cesse plus de croître. Je la regardais tendrement par la fenêtre quand un cri m’a saisie. C’était mes jeunes loups, j’en étais certaine. Comment ? Comment ces idiots ont-ils réussi à se transformer, seulement deux jours après la nouvelle lune ? Je sais que de voir notre astre reprendre sa forme entraîne chez les jeunes loups des élans d’optimisme difficilement contrôlable, mais de là à réussir à libérer leur loup alors qu’ils n’y croient pas… Étrange. Mon premier élan est de courir les rejoindre pour percer ce mystère. Mais je me retiens. Je suis leur alpha après tout, je ne suis pas à leur disposition. Ce n’était pas un cri d’alerte ni de détresse. D’étonnement tout au plus. Qu’ils soient étonnés donc, j’ai un film à regarder, ils attendront.
Si le film ne peut pas attendre, c’est que je pressent que ça y est, le loup-garou est bel et bien entré dans sa phase noble. Les réalisateurs et acteurs de renom s’y rencontrent de plus en plus fréquemment, les budgets sont en conséquence, et bien souvent en découlant, la qualité des films eux-même. Et ce soir, c’est un nouveau pan de l’histoire du loup-garou au cinéma qui s’écrit : quelques années après son livre éponyme, l’immense Stephan King s’applique à adapter lui-même son écrit pour le scénario de Peur Bleue. Non. Non, juste, les traducteurs français, il faut que quelqu’un se dévoue pour achever leurs souffrances. Alors OK, c’est moins pire que « Vampire vous avez dit vampire ? » ou « Max et les maximonstres », mais tout de même. Le titre original c’était Silver Bullet. Pour les moins anglophones d’entre nous, ça veux dire « balle d’argent ». Alors OK ça sonne un peut moins bien en français, mais c’est lourd de sens comme titre, d’une part parce que ça annonce direct qu’il va être question de loup-garou, et que la façon de le tuer va être importante. Mais surtout parce que le film a cette idée géniale de casser tous les présupposés que le spectateur aurait pu se faire quant au film, en appelant le fauteuil-roulant-moto (on y reviendra) du petit garçon « silver bullet ». Une espèce de façon de dire : « bah maintenant vous ne vous attendez plus à rien, parce que vous ne savez plus si ce titre ne se réfère qu’à ce super bolide où s’il reste connoté ». et ce qui est génial, c’est cette lente progression du film vers une certitude que la deuxième option va être adoptée. Alors, quoi, les traducteurs français, pitié faites un effort, et arrêtez de vous prendre pour des poètes.
Alors je viens d’évoquer une bonne partie des qualités du film dans cette digression. Le rythme savamment géré (avec en plus des raccords brutaux qui expliquent à eux seuls tout un pan de l’histoire, trop violent pour être réellement montré, et rendu plus violent encore par la brutalité de l’instant de compréhension et l’imagination du spectateur), la gestion sans faute du mythe du loup-garou, l’originalité de ce bolide pour enfant handicapé : incroyable fantaisie rendant cet enfant un personnage extrêmement complexe rien que par sa condition physique : on le pense faible, mais au final il est sans doute parmi les plus puissants personnages du film, à partir du moment où il ne fait plus qu’un avec sa machine (à moins que la machine ne tombe en panne, véritable paranoïa travaillée tout au long du film).
Ce qui me plaît aussi dans ce film, c’est, encore une fois, la quantité de référence qu’il fait à ses prédécesseurs. Certaines sont assez évidentes pour qui les connaît, comme le smiley que l’on retrouve sur le cerf-volant de l’enfant, à la fois une dédicace au Hurlement de Joe Dante, et une annonce au spectateur renseigné que le loup rode, et que ça pue pour le gamin. D’autres sont plus fines, et je ne suis même pas sure qu’elles en sont réellement : le piège à loup qui échoue me rappelle Ladyhawke ; la taverne ou les hommes s’encensent me rappelle celles qu’on retrouvait fréquemment dans les premiers films et que l’on retrouvait déjà comme un hommage dans Le Loup-garou de Londres ; La forêt brumeuse qui rappelle celle du Loup-garou de 1941 ; même l’esthétique du loup-garou lui-même, en soi vraiment décevante, mais qui m’évoque les loup-garous nounours des débuts. Il y a cette batte de baseball aussi, nommée Peace Maker, qui reste un mystère pour moi, car je suis sure qu’elle est censée évoquer quelque chose, et qu’elle ne m’évoque que mon ignorance à ce sujet...
D’autres petits détails m’ont séduite, le fait que, comme dans Fright Night, l’enfant soit le seul à croire encore à ces légendes qui sont devenues depuis le temps des histoires pour effrayer les enfants le soir d’Halloween, et qu’il subissent d’injustes moqueries alors qu’il a raison.


Le fait que le pasteur soit le loup-garou aussi, joli contrepoint de la légende qui dit que les lycan sont des créatures du diable et qu’elles craignent ce qui est sacré.


Les musiques aussi sont sympathiques, même si un peu démodées, et un peu trop empathiques : la musique triste qui commence juste avant la scène triste, on a vraiment l’impression qu’elle nous signale « va vite te chercher un paquet de mouchoir, c’est maintenant que tu es censé pleurer ! »…
Mais bon, au final, même si il y a en plus quelques défauts (la surpuissance du gamin qui parvient toujours à viser les yeux ; l’omniscience du loup qui sait qui il doit manger parce qu’il est méchant ou en détresse, la fin hyper chelou qui tout a coup essaye de prendre une forme de conte qu’on avait pas du tout avant, avec un narration totalement incohérente avec les choix de réalisations préalable), ce qui reste n’est pas un rapport positif/négatif, mais un vague sentiment d’oubli. Bof, j’aurai oublié ce film dans deux jours. Ou dans deux heures, si mes jeunes loups sont toujours là, et que la situation est aussi incroyable qu’elle en a l’air...

Zalya
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le 26 nov. 2017

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