Premier film de Fred Cavayé, Pour Elle est ce genre de film dont nous autres Français pouvons être fiers. Thriller original haut de gamme, le long-métrage arrive à nous captiver dès les premières minutes pour ensuite ne plus nous lâcher. Un couple aimant, une vie normale, une arrestation, une descente aux enfers. Pour Lui, c'est la fin du monde, obligé d'élever seul son fils encore tout jeune, obnubilé par l'absence de sa femme. Pour Elle, c'est la prison, les tentatives de suicide et la folie qui approche. Pour les deux, c'est le désespoir, la solitude, l'abandon...
Lui, c'est Vincent Lindon, tout simplement parfait. Vrai, humain, déterminé, l'acteur donne le meilleur de lui-même et ne joue pas la comédie : il vit le scénario. Elle, c'est Diane Kruger, à nouveau surprenante, dirigée d'une main de maître par le réalisateur français débutant. Fred Cavayé réussit donc un tour de force en mettant en scène une histoire réaliste, déchirante, magnifiquement filmé, rythmé d'une façon inouïe.
Décors de rue, musique sublime (un travail dantesque orchestré par le grand Klaus Badelt), scènes d'action concrètes filmées sur le vif, acteurs au diapason, scénario intelligent, Pour Elle est une réussite rare dans le genre francophone, qui n'a d'ailleurs rien à envier aux films hollywoodiens. Montant crescendo, commençant sûrement pour ensuite foncer à 100 à l'heure, l'intrigue nous aspire immédiatement grâce à une réalisation - je le répète - époustouflante, Cavayé arrivant à proposer un film aussi réaliste que parfois fantasque (le braquage de Martial, l'échappée finale...) mais en restant toujours dans les rouages du faisable. Pas d'exagération, pas de folie, juste une histoire dramatique nous montrant les limites de l'amour pour un être cher. Un must du genre à ne surtout pas négliger.