Je t'aime, tout simplement
J'ai suffisamment taillé le cinoche français pour prendre le temps et la plume dès lors que ce dernier nous offre un bon moment.
A bien des égards "Pour Elle" est d'un classicisme à toute épreuve : erreur judiciaire, le mec normal qui se transforme en apprenti gangster, la descente aux enfers d'une personne innocente plongée dans l'univers carcéral, la raideur hiératique de celui-ci, sans oublier le mur à idée. En fait il ne manque plus que les tatouages de Scofield pour faire le tour de la question.
Et bien, pourtant, ce film fonctionne. L'écriture est soignée, la structure narrative autour du chiffre 3 bien amenée et conduite avec justesse. Le scénario, pour classique qu'il soit, permet de faire le job tout en préservant une belle dose de suspense lors d'une dernière demi-heure de très bonne facture.
Le casting sonne lui aussi très juste ; Diane Kruger, sans sombrer dans un pathos lourdingue, est touchante de fragilité. Broyée, elle glisse et s'effondre littéralement sous le regard d'un jeune fils et d'un mari campé par un Vincent Lindon égal à lui-même. Casse bonbon dans la Boum 3 alias "L'étudiante" ou dans "Mes amis, mes amours" - oui, je cultive une certaine médiocrité dans mes films visionnés - ou autres oeuvres exsudant la guimauve gerbante, il est ici simplement impeccable.
Toute la force du film tient en effet entre ces deux êtres ; on nous vend un Prison Break mené par un prof de français, alors qu'en réalité il s'agit simplement de se référer au titre : Pour Elle est une histoire d'amour. Un amour absolu entre deux êtres qui ne peuvent vivre séparés sans mourir chacun de leur côté à petit feu. Un amour exclusif, absolu, beau, fragile et touchant.
Alors que voulez-vous, je suis un pure romantique de la vieille école ; Conan et Valéria, Clarence et Alabama, Anakin et Padmé, Arthur et Guenièvre (et Lancelot dans les bois), Lawrence et le désert bref, je fonds.
Très bon divertissement, vrai bon film français méritant son 7 volontariste.