C'est toujours un peu pareil avec les films de Quentin Dupieux : la sauce met du temps à prendre, et une fois qu'elle a bien pris, c'est malheureusement presque déjà fini...
Surtout que bon, je ne voudrais pas leur faire injure, mais Alain Chabat et Jonathan Lambert font un peu amateur au début du film, même si j'ai fini par me faire à leur jeu. C'est pas qu'ils ne sont pas amusants, mais ça sonne assez faux quand même... Plus globalement, c'est la forme qui m'a posé problème, parce que sur le fond, Réalité finit par passionner. Et puis la musique lancinante, y a pas de souci elle fonctionne, mais c'est toujours la même quoi...
Le plus dur, c'est de rentrer dans le film : une cassette bleue au fond des tripes d'un sanglier, un caméraman proposant un rôle de série Z à un acteur au pseudo-eczéma et déguisé en rat pour jouer dans un film où des télés méchantes sucent par ondes l'esprit des téléspectateurs pour les abrutir et finalement les tuer, sa quête du gémissement qui tue à la Blow Out, un producteur sniper de surfeurs, un directeur d'école racontant à sa psy un rêve où il se trimballe en travelo sur une jeep avec des fleurs à la main, un réalisateur perfectionniste et une petite fille du nom de Réalité.
Ces personnages s'avèrent donc comme d'habitude bien perchés, mais je dois dire que pendant une grosse première partie du film c'est vraiment le bordel, et on ne voit pas du tout où le réalisateur veut en venir. Mais, petit à petit, tout se recoupe et s'éclaircit, et il ne nous reste plus qu'à dénouer le vrai du faux, la réalité du rêve, et le fond de la forme, justement... La petite Réalité voit tout. Elle est la clé du film.
L'univers de Mr. Oizo n'a donc rien perdu de son originalité, de ses personnages cyniques, bêtes et méchants, avec pour une fois quelques exceptions. Il y a toujours un petit truc qui cloche mais également toujours autant d'idées, et une construction très intéressante stigmatisant in fine l'abrutissement des masses par l'économique au détriment de l'artistique. D'ailleurs, j'ai adoré cette réplique du producteur qui résume l'idée : "Plus j'attends, plus je deviens exigeant !" Prise à l'envers, ça fait : plus les gens tendront vers l'impatience plus on pourra se contenter de leur servir de la daube.
NB : J'aurais pu mettre 7. Après le prochain visionnage peut-être !