Comme quoi, ça fait toujours du bien de se replonger dans un peu de Tarantino, surtout sa période 90's et notamment Reservoir Dogs, où il se montre véritablement pour la première fois à la face du monde.
On retrouve ici tous les éléments qui font la particularité de son cinéma, que ce soit la violence crue, tant dans les faits que les dialogues, la narration non linéaire et passant d'un groupe de personnages à un autre ou encore la bande-originale. Dès les premières secondes et donc le premier flash-back, Tarantino donne le ton avec cette séquence où sont discutées les paroles d'une chanson de Madonna par des vrais gueules de l'emploi. Et puis, tout le long il braque sa caméra sur les personnages, nous les présentant et les mettant dans le feu de l'action où ils devront s'en tirer tout en soupçonnant la présence d'un mouchard dans la bande. Il trouve toujours le bon équilibre entre les différents genres et tons.
L'histoire en question est plutôt banale, la réussite de Reservoir Dogs vient de la façon dont Tarantino la raconte et dresse le portrait de ces gangsters. Le metteur en scène de Pulp Fiction ne montre jamais le braquage en question et reste souvent en huis-clos dans un hangar et c'est à travers leurs conversations anodines mais ô combien géniales qu'il fait avancer l'histoire. Il rend son film totalement jubilatoire, profitant d'excellents dialogues, d'un style unique et génial et d'un vrai sens du rythme. La construction du récit est remarquable et, tandis qu'il garde le suspense toujours intact, il sublime chaque seconde de son récit avec un savoir-faire indéniable, sans tomber dans la lourdeur ou le pastiche.
Tarantino rend ses personnages intéressants, voire même fascinants, notamment par leurs caractéristiques propres (violent, cool, serein, stressé etc), faisant oublier les actes qu'ils commettent, banalisant donc la violence et sachant la rendre fun, à l'image de la "danse sanglante". C'est tout le long aussi efficace que tendu et Tarantino nous sert quelques références savoureuses dont il a le secret. Et enfin, la réussite vient aussi de la direction d'acteurs où il se paye quelques pointures et gars qui n'ont pas à se forcer pour merveilleusement jouer les truands, à l'image de Harvey Keitel, Steve Buscemi, Chris Penn ou encore Michael Madsen.
C'est avec Reservoir Dogs que Tarantino se présente à la face du monde, livrant par la même occasion l'un de ses meilleurs films et posant les bases de son cinéma, à la fois violent, fun et terriblement génial.