Spoil au nez
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Il a déjà été écrit bon nombre d’avis et d’articles sur le raz-de-marée pas seulement capillaire du film Ring. Adapté d'un roman, sa réussite lui a fait franchir les limites du Japon pour instaurer une nouvelle saga dans le genre du film d’horreur.
Le succès pourrait être d’autant plus surprenant si on ne se limitait qu’à certaines de ses caractéristiques. Ring est un trait d’union entre la tradition et la modernité, dans un cadre japonais qui ne nous exclue pas de la peur ressentie.
Avec la figure de son antagoniste, Sadako le film fait revivre la figure du fantôme japonais, et renouvelle le genre du yurei eiga, le fim de fantômes. Des âmes tourmentées, généralement féminines, aux longs cheveux, en robes blanches, aux démarches chaotiques, qui en veulent aux vivants, obsédées par un ressentiment plus fort que la mort.
Le film d’Hideo Nakata, au scénario adapté et à la réalisation, le renouvelle en le plongeant dans la modernité du Japon, celui de sa technologie et de son électronique. La première affirmation du film, c’est que quiconque regarde une cassette vidéo bien spéciale meurt au bout de sept jours. Ce qui rend le film moderne, c’est d’abord son utilisation de la légende urbaine, des tiraillements sur sa réalité. Une fois celle-ci avérée, c’est non seulement un compte à rebours qui s’enclenche mais aussi une enquête sur le pourquoi du comment.
Et alors que la VHS est une figure de la fin du XXième siècle, on pourrait croire qu’elle ne ferait que vieillir le film, lui attribuer une date de péremption dépassée. D’autant plus qu’il est difficile de faire croire au potentiel angoissant d’un fantôme dans une cassette vidéo sans voir le film, tant l’idée semble farfelue.
Mais non, Ring a beau avoir 20 ans, c’est une œuvre qui a gardé une grande partie de l’angoisse qu’elle veut offrir. Le film est toujours sur le fil, prêt à sacrifier un de ses personnages. La révélation du sort de Sadako est le point culminant de Ring, qui fait littéralement froid dans le dos. Elle est alors humanisée, mais il ne faut pas s’y tromper : tout sentiment de pitié n’excuse rien, tant Sadako est une force de la nature, un esprit dont il faut se méfier.
Ring est terrifiant, car la menace ne prend pas la forme d’un maniaque amateur de boucheries. Le film fait douter chacune de nos convictions, parvenant à nous convaincre de la crédibilité d’un fantôme et d’une cassette vidéo hanté avec une arrogante facilité. Ses personnages, par ailleurs fort bien incarnés, sont comme nous, ils ne savent pas où ils vont, ils subissent la terrible colère de Sadako qui, avec ce film, s’est installée en tant que nouvelle figure horrifique.
Le film aura un succès fou, bien mérité, connaîtra un certain nombre de dérivés dont un remake américain et ses suites. Le cinéma américain se penchera sur son homologue japonais, pour en faire d’autres remakes, sans bien en comprendre toute la finesse et la richesse. L’original japonais se trouve encore facilement en DVD, profitez-en, d’autant qu’un bonus a achevé de me terroriser.
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Créée
le 5 janv. 2020
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