Après deux échecs commerciaux, le pourtant brillant Guy Ritchie revient à ses premiers amours, soit le film de gangsters londonien à tiroir. Ceci dit, si l'ex de Madonna faisait autrefois des miracles avec une caméra, son cinquième film n'est pas de la même trempe. En effet, pour faire bref, RockNRolla s'avère très vite moins délirant qu'Arnaques, crimes & botanique ou Snatch, la faute à une mise en scène moins personnelle, un scénario sympathique mais qui manque d'un certain panache et des acteurs trop plats pour rentrer dans le même délire.
Pourtant, RockNRolla est juteux sur papier, cette histoire de pseudo-gangsters se mordant chacun la queue étant dans la même veine que les précédentes mésaventures imaginées par Ritchie, avec les mêmes ingrédients : de l'humour, de l'action, des répliques fumantes, une galerie de personnages atypiques et de multiples histoires se rejoignant entre elles. Hélas ici, tout est aussi similaire que différent : le film peine concrètement à démarrer, les dialogues ne sont plus aussi cultes que Snatch (pour ne citer que lui) et les personnages sont beaucoup moins charismatiques.
On notera donc les charismes impressionnants de Mark Strong (qui a déjà collaboré avec Ritchie sur Revolver), de la révélation Toby Kebell (le survival Wilderness) et le tout-en-muscles russe Alex Kovas. Pour le reste, nous n'avons sur les bras que des acteurs confirmés hélas ici pas vraiment marquants comme le trio Gerard Butler, Idris Elba et Tom Hardy, transparents au possible malgré quelques scènes rigolotes, la monolithique Thandie Newton ou encore l'excellent Karel Roden, qui nous refait ici le coup du méchant Russe. Même le vétéran Tom Wilkinson ne parait pas crédible dans l'un des rôles principaux.
Trop calme, pas assez drôle ni assez déjanté, au rythme inconsistant et à la mise en scène plus sobre, le nouveau film de Guy Ritchie est certes plus déluré que son prédécesseur Revolver mais n'arrive pas à la cheville des premières œuvres du réalisateur, le long-métrage ne parvenant jamais à égaler ni leur côté culte ni leur ingéniosité et encore moins leur esthétique visuelle époustouflante. RockNRolla devient donc un film de gangster sympathique mais qui s'est fait volé la vedette un an plus tôt par l'excellent Slevin, pourtant Américain, qui a appris les bases et en a bien tiré profit.