The Horseman.Un film très court et efficace,sec comme un coup de trique.Sans grandiloquence.1h14

J'aime ce genre de micro coïncidences dont mon SC m'a garni au cours des années.
Je venais de croiser une très motivante liste (de Star-Lord) bien annotée sur ce Budd Boetticher.
Je le savais aimé aussi de Bertrand Tavernier qui l'a interviewé (un de ses "amis Américains").
Mais ce n'est pas pour cela que j'ai aimé ce film cet après-midi croisé par hasard dans ma VoD gratis sur Paramount/TCM. (je "n'obéis" pas à tous les amours de Tavernier qui n'aime plus mon Al Pacino, donc je reste très objectif même en connaissant ses avis qui me passionnent).


Mes scènes:
Scène de tension autour d'une grotte et d'un feu
Deux hommes se réchauffent à un feu dans une grotte alors que la pluie est battante.
Un inconnu (Randolph Scott) les rejoint. Ils l'acceptent et lui offrent même du café.
On apprend directement dans sa conversation avec ses hôtes qu'il n'a plus de moyen de transport, qu'il est à pieds. Et incidemment que dehors, dans l'actualité, il y a une sorte de crise sociale en cours: il a croisé ce qui sont des racailles aux yeux de ses hôtes qui présument de suite "qu'elles lui ont volé son cheval"



"Non, ils l'ont mangé".



On pourrait dire que des « quartiers ethniques » se révoltent.
A ce stade, il nous est même le méchant car son regard est sombre et tendu, et c'est lui qui sera le premier assassin pour nous.


D'emblée, un détail que j'ai aimé de suite et qui se répètera: la caméra est immobile et c'est le personnage qui rentre dans le champ. Au début, sur un plan sous la pluie comme celui au debut de Road to perdition (éclairée par Conrad Hall), on voit une lueur émanant d'une grotte. Le dos d'un homme en imperméable rentre soudain par la droite. C'est Scott. Alors une menace.
A la fin du film, sur aussi un plan fixe mais sous le soleil écrasant, le "méchant" Lee Marvin rentrera tout aussi soudainement mais par la gauche (le coté gauche a longtemps été perçu comme celui du diable...car "à la gauche du Père se trouve les promis au feu éternel de l'enfer").


Cette première scène de grotte est percutante, on est directe dans l'action et dans l'histoire qui est déjà très en cours à ce moment. Beaucoup s'est déjà passé avant, on n'en sait rien, on est pas en avance de l'histoire, on va rattraper les infos et en apprendre au fur et à mesure.
Elle me réconcilie avec le genre. Pas de blah blah, pas de plans et mouvements esthétisants qui amèneraient le film à 2h30. (Dans un genre différent mais sur ce sujet aussi, sa manière de ne pas tergiverser (autant que moi...) me rappelle 'The Horseman' de 2008).


Cette première scène est bien plus percutante et courte que le temps mis à lire et écrire mes lignes pour la décrire. Elle est , elle , moins grandiloquente.
Elle va droit au but.
J'ai aimé qu'on ne sait pas encore pour sûr qui est le méchant. Les regards, la tension dés le début.
(...ça m'a fait resurgir un bon souvenir télé d'une racaille mal rasée en blouson de cuir s'invitant lui à un mariage en Ecosse et sabotant le discours du père sympas et populaire de la mariée...il s'avère que les apparences sont trompeuses aussi et le Saint et l'Ordure ne concordent pas avec leurs apparences: The Debt Collector avec Billy Connelly et Ken Scott).


Démocratie et participation:
De plus, j'aime dans les films les hors-champ, et là je suis servi dés le début par un très beau.
Je sais qu'ils sont souvent motivés par l'économie et le budget d'un film mais je crois aussi que c'est un signe que les auteurs font confiance aux spectateurs de se faire le film eux-mêmes.
De ne pas tout leur mâcher et expliquer.
Sauf erreur, j'avais lu que le critique de cinéma André Bazin théorisait les plans-séquences (que j'aime aussi et liste) en se demandant s'ils étaient "démocratiques."
Pour moi, les hors-champ d'un film en font un peu une coopérative ou coopération?


Le méchant taciturne aide un couple dont la cariole est embourbée.
On comprend alors qu'il n'est sans doute pas que méchant.
J'ai aimé ce chariot, qui dans un vrai moment Egon dans Ratatouille m'a ramené à mon enfance quand je jouais au playmobil avec son équivalent en jouet.


Autre scène de tension cette fois autour d'une porte:
Après l'entrée d'une grotte, au début du film qui a été tendue, notre héros se retrouve devant une porte d'une maison isolée. Son dégonflement est étonnant et drôle. Une bouteille mais surtout un bras apparait soudain sous la porte qui était dangereuse juste l'instant d'avant.
Scène presque aussi drôle que la patte de chat réveil à 8 millions de vues...
Le danger était l'alcoolique classique des westerns. Solitaire (...même s'il a appelé son âne, "Claire".)
Il leur explique pourquoi ce hameau est vide: tout le monde a fui par peur des Indiens, les "racailles" d'alors.
Il leur suggère de faire pareil à moins de vouloir aller "chez leur coiffeur" ("haircut from Indians' barber").


Ce n'est qu'à la 23e minute qu'on apprend que l'homme dont on avait des doutes "est sheriff"
puis on apprendra, qu'il ne l'est plus,
puis qu'il est veuf,
puis que sa femme a été tuée lors d'un cambriolage par d'autres "racailles" que celles qu'il a déjà rencontrées.
D'autres twists et infos sont d'ailleurs à venir.


(J'aime notamment l'expression de Lee Marvin quand il apprend où se trouve(ait) depuis le début la sorte de MacGuffin qu'il poursuit(vait) ).



"Merci car la plupart des hommes rechignent aux 'tâches féminines' (sic)"



Qu'est ce qui fait un homme, un vrai? Film aussi sur la masculinité et la Charge mentale ménagère, déjà en 1956:

...qui me rappelle ce qui m'avait tant choqué dans 'Guet-apens' de Peckinpah de 1972: le méchant prenant en otage un couple, lentement mais surement décrédibilise le mari présenté comme faible aux yeux de la mariée.
Ici, Lee Marvin ricane aussi du mari qu'il évalue faible et dont il trouve la femme trop belle pour lui (Gail Russell; elle l'est).
Il le prendra pour la ménagère juste à l'aide d'une scène de simple tasse de café qu'il ne cesse de lui redonner devant sa femme.
Marvin ricane aussi de l'ex-Sheriff, Scott, lorsqu'il s'abaisse à "aider" la femme à laver au battoir debout et à étendre son linge:



"Il a pas l'air d'un homme.
Sur le point de tuer." ("He doesn't look like a man.
With killing in his mind.")
Il parlera aussi d'un "homme gentil" l'associant illico à une "poule mouillée", une chique-molle ("lack of spine").



Ce détail de la tasse de café que Marvin, vrai homme, passe à la soi-disant lopette, le mari boniche, me rappelle le détail de la cigarette vers la fin. Sans vergogne et superstition, Marvin tue son (howdy!)partenaire et lui prend de la bouche son mégot pour s'allumer sa propre clope avec cette cigarette de mort, encore chaude et maintenue allumée par un dernier souffle.


Je connaissais un peu "le fondu au noir ou au blanc", mais pas celui à 'la botte de cowboy': j'aurais aimé voir le film sur très grand écran. Notamment pour cette scène où la caméra, encore immobile, est au ras d'un roc et filme un tireur à la carabine qui se lèvera et marchera direct vers l'objectif. L'écran se remplissant de l'entrejambe obscurcissant d'un Gulliver...
Puis toujours au ras du rocher (ou du dos du cheval?), la camera filme alors la fin de l'enjambement de ce tireur finissant sur sa selle et galopant au loin de l'objectif.


Une autre scène aimée, est celle des lits superposés que la femme partage virtuellement avec le beau taciturne qui l'a aidé dans les tâches ménagères...elle dort dans le chariot, seule, car c'est au tour de son mari de monter la garde mais elle l'appelle et discute avec Randolph, qui lui, est sous elle...Sous elle, mais sous le chariot, au sol, dans son sac de couchage,
et nos deux oiseaux de se parler dans leur lit séparés d'une cloison au sol en 1956 comme Abbie Cornish et Ben Whishaw en 2009 dans Bright Star, séparés de celle au mur.

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le 23 juil. 2020

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