Hong Sang-soo est probablement le réalisateur contemporain qui me passionne le plus, car il réunit tout ce qui me rend fou de bonheur et d'émotion face à un artiste : c'est un artisan obsessionnel à la limite de la névrose, que ce soit en terme de mise en scène, mais aussi dans ses matériaux de base (l'alcool, les livres, la plage, les tables, le marivaudage destructeur sous ses aspects légers...), il est en recherche permanente, c'est un stakhanoviste, son cinéma respire la liberté, il place le spectateur en position d'inconfort permanent, il crée une véritable œuvre, ses films étant comme des cailloux déposés là pour tracer un chemin, qui prend donc de plus en plus d'importance et de sens à chaque pierre façonnée...
On retrouve donc tout cela dans "Seule sur la plage la nuit", qui n'est certainement pas la meilleure porte d'entrée pour qui voudrait découvrir le Coréen secoué, de par sa forme aride et ses multiples "private jokes" qui excluent arbitrairement les non-initiés, mais qui s'avère follement excitant pour qui suit son parcours, artistique mais aussi privé. Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte et du décryptage, mais ce que HSS met dans la bouche de ses personnages, en particulier la sublimissime Kim Min-hee au bord du burn-out, est jubilatoire.