Après trois longs-métrages et une série TV, revoici le flic black le plus cool de la planète, le bien-nommé Shaft, qui surfe indéniablement sur le petit revival qu'a subi la blaxploitation après le succès de Jackie Brown, film-hommage par excellence mené par Quentin Tarantino. Mettant en scène l'inévitable Samuel L. Jackson, classe au possible, balançant vanne sur vanne avec un air décontracté, cette suite/remake/spin-off incertaine de Shaft, les nuits rouges de Harlem ne vaut hélas pas son prédécesseur et n'apporte au final pas grand chose de neuf au genre.
En effet, outre son personnage légendaire, le film n'est tout au plus qu'une simple double-enquête menée par notre bon vieil inspecteur insubordonné qui va affronter un fils à papa raciste et intouchable (Christian Bale, remplaçable) ainsi qu'un baron de la drogue bling-bling à la langue bien pendue (Jeffrey Wright, ridicule). Le scénario simplissime bourré de petits rebondissements prévisibles où se côtoient racistes, gangsters, indics et ripoux, nous entraine donc dans un univers épuré où l'originalité n'est pas de mise.
Cette refonte n'a donc rien de nouveau à proposer aussi bien pour les fans du genre que pour les néophytes de la blaxploitation. Regardable voire sympathique, Shaft n'est en soi qu'un banal épisode de la série TV porté sur grand écran, court mais un temps soit peu efficace, le réalisateur John Singleton allant droit au but avec une réalisation inégale, à la fois brute et trop lisse, passant outre les ficelles intéressantes du métier pour ne servir que des scènes d'action et des thèmes cent fois abordés. On appréciera donc cette enquête peu passionnante heureusement menée par un Samuel L. Jackson au top de sa forme, une B.O. fidèle et rythmée et quelques cameos rigolos comme Gordon Parks (réalisateur du film de 1971) et Richard Roundtree, le Shaft originel.