Trois ans après son surprenant Le Loup de Wall Street, Martin Scorsese nous présente sa nouvelle oeuvre. Un film s'éloignant de la frénésie des salles boursières qui nous emmène dans le Japon du XVII siècle.
Les pères Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe (Adam Driver) veulent se rendre au Japon pour retrouver le père Cristóvão Ferreira (Liam Neeson) qui aurait renié la parole de dieu et vivrait selon les préceptes du bouddhisme. La persécution des missionnaires jésuites par un inquisiteur japonais, rend cette mission difficile et doit se faire dans la clandestinité, s'ils ne veulent pas subir diverses tortures et en revenir vivants.
La foi est le sujet de ce film s'inscrivant dans un thème cher à Martin Scorsese après La Dernière Tentation du Christ et Kundun. La religion fait partie de la vie du réalisateur, mais chacune de ces incursions cinématographiques dans ce domaine, se révèle peu intéressante. Silence ne déroge pas à la règle en étant un long moment dédié à la méditation. Durant 2h41, on va suivre les deux pères prodiguant la parole de dieu aux habitants vivant leur croyance en cachette, par peur de perdre la vie dans un Japon ne tolérant pas d'autres religions que le bouddhisme.
Les paysages, la mer et les décors sont sublimes. Dans ce paradis sur terre, les jésuites veulent imposer leurs vérités au peuple japonais, sans prendre le temps de comprendre leur culture. Ils ont chacun leurs croyances et personne ne veut écouter l'autre. L'arrogance des premiers se heurte à la politique de la peur des seconds. L'envahisseur prêche pour sa paroisse, alors que le résident répond par la torture. Un combat ou le silence représente celui de dieu face aux souffrances vécues en son nom. L'oppression et la persécution renforcent la foi des victimes, ne craignant pas de mourir pour rejoindre le paradis promis par ce dieu.
Martin Scorsese met en scène cette adaptation du roman de Shusaku Endo. Un projet qu'il porte en lui depuis 30 ans et qu'il rend aussi austère qu'un monastère. Son aridité et ses répétitions finissent par alourdir un film dont le sujet n'était déjà guère passionnant. On assiste encore et encore au renoncement à dieu, avec les chrétiens posant leurs pieds sur sa représentation. Cela se fait sous le regard d'un Andrew Garfield toujours aussi fade et manquant de subtilités. On aurait pu croire que sous la direction du maestro, il pourrait se transcender, mais il n'en est rien. Certes, il est moins épuisant que d'habitude mais dès qu'il pique une crise, cela devient insupportable. C'est une erreur de casting assommant encore un peu plus une oeuvre manquant de souffle. Adam Driver et Liam Neeson ne sont que des faire-valoir, alors que Adanobu Asano, Yôsuke Kubozuka et Issei Ogata s'en sortent avec les honneurs. La religion; comme la guerre et la politique; est une affaire d'hommes, ce qui explique la quasi absence de femmes au sein de ce XVIIème siècle.
La religion, le Japon et Andrew Garfield dans le même film, cela me fait penser au Tu ne tueras point de Mel Gibson. Un autre long-métrage décevant, plombé par l'ombre de dieu planant sur le héros se demandant pourquoi il ne lui parle pas. Au moins, Martin Scorsese ne fait pas de prosélytisme et met chacun face à ses contradictions. Il est lui-même un homme fait de paradoxe, usant et abusant de la drogue lors de ses débuts, avant de suivre la voie de la rédemption, sans que son talent en pâtisse.
Cette longue séance de zénitude aura eu raison de mon athéisme et de mon aversion à l'encontre d'Andrew Garfield. La réalisation de Martin Scorsese reste magnifique, le maestro ne perd toujours pas de sa superbe, mais me laisse sur le bas côté avec un sujet peu susceptible de me captiver. Le roman de Shusaku Endo s'inspirant de faits historiques, cela permet au moins de découvrir cette période sombre dans l'histoire du Japon.