Douce nuit, sanglante nuit sort en 1984. Le film est un slasher honnête et distrayant, dont la principale originalité est de faire de son croquemitaine un homme dérangé, longuement présenté, qui déclenche sa folie meurtrière dans le costume de ce pas si bon Père Noel. Le film est un succès aux Etats-Unis, mais plus pour la polémique qui va se déclencher contre lui et lui apporter une grande visibilité que pour ses qualités, assez légères. S’en suivront quatre suites, dont un deuxième volume qui lui s’apprécie comme un bon gros nanar, avant que la série ne calme sa frénésie meurtrière au début des années 1990.


Mais les franchises de films d’horreur ne meurent jamais, souvent enterrées, toujours déterrées. Une obstination qui a le plus souvent nuit à l’intégrité de ces séries, mal honorées.


Avec ce remake sorti en 2012, l’original est assez loin, même si quelques références lui y sont faites, amusantes pour le spectateur averti, transparentes pour les autres. Le film reprend d’ailleurs quelques traits d’un terrible fait divers survenu en 2008 en Californie, appelé Covina Massacre, avec un meurtrier en costume de Père Noel, rappelant que, merde, y’a plus de respects.


La version de 1984 mettait son meurtrier au centre, ce pauvre Billy, à l’esprit tourmenté, parti punir toutes les personnes qui n’avaient pas été sages. Cette relecture est plus classique, le croquemitaine apparait comme une menace habituelle du slasher, tuant l’un ou l’autre dans telle scène, pour mieux disparaitre. La fliquette Aubrey est à ses trousses, assistée de ses collègues, dont le shérif Cooper, particulièrement hargneux.


Cette menace n’est pas vraiment dissimulée, mais c’est la période des fêtes, et des Pères Noel il y en a plein les rues, avec un paquet de louches pour autant de suspects potentiels. Celui-ci n’est guère différent des autres, avec son costume rouge (sang ?) et son sac, tout au plus le masque un peu bricolé qu’il porte lui offre une certaine étrangeté. Comme tout bon vilain de slasher, il appréciera de trucider ses victimes par armes blanches, ou autres ustensiles tranchants, mais cela reste assez classique, s’offrant tout juste quelques exécutions plus fantaisistes pour varier les plaisirs.


Même si le film use de jump-scares, leur emploi reste fort. Car ce Bad Santa en impose, mutique, bien armé, il avance déterminé, prêt à rendre sa justice, épargnant les autres. Son identité est un des points forts, elle questionne, tandis que le choix de ses victimes est lui aussi sujet à interprétation. Le spectateur aura remarqué bien avant les héros impliqués que tous ont reçu le même présent, et qu’ils sont donc tous liés. Malheureusement l’identité du tueur et ses mobiles une fois révélés déçoivent. Le Père Fouettard avait tout du mythe dangereux, du redresseur de torts, mais la vengeance révélée est non seulement fade, mais mal expliquée. Le plan en question laisse de côté certaines victimes sans que le spectateur ne comprenne pourquoi elles avaient mérité leur sort.


Ce devait être le feu d’artifice d’une vengeance de plusieurs décennies, et on ne peut que s’étonner devant une telle simplicité, qui prend parfois à parti l’intelligence du spectateur. Il y aura d’autres facilités un peu grossières, et même très clichés, comme cet entêtement du shérif à garder l’affaire pour lui, sans la révéler, malgré un nombre de victimes en hausse libre. Le film est plus solide avec son personnage central, Aubrey, jeune fliquette, expérimentée mais un peu déstabilisée, un juste équilibre entre la détermination professionnelle et l’émotion personnelle bien atteint grâce à l’actrice Jaime King. Le reste du casting inclut aussi Malcolm McDowell et d’autres acteurs plus ou moins reconnus, sans grandes fausses notes, mais aussi sans grands personnages, hormis quelques uns (le révérend gênant et glaçant), certains n’étant présentés que pour mieux faire partie du compteur de morts.


Heureusement pour nous, Silent Night n’est pas de ces remakes mal filmés, vite torchés. Quelques scènes démontrent un véritable souci pour appuyer les images, à l’image de l’introduction et de ses plans découpés entre obscurité et lumière, entre plans rapprochés faussement anodins et plans larges inquiétants ou de sa conclusion, un peu gourmande visuellement avec son éclairage rouge, sa pluie et ses flammes, mais malgré tout assez impressionnante. La mise en scène des autres scènes est assez réussie, plus classique, et pourtant qui arrive à offrir à son grand méchant une aura forte, et au climat du film une enquête troublée. Steven C. Miller avait déjà à son actif quelques films d’horreur assez bien appréciés, le reste de sa carrière se poursuivit dans le (télé)film d’action, avec notamment Bruce Willis et Sylvester Stallone.


Ce sera bien suffisant pour se laisser porter par le film, malgré sa conclusion ratée, qui vient balayer certaines promesses sans aucune gêne. Les attentes n’étaient guère hautes, mais l’ensemble est bien ficelé, bien décoré. Il lui manque tout de même pour l’accompagner le charme d’une bonne bande-son de Noel, alors que celle de l’originale, un faux hommage grinçant, composée par Morgan Ames, était fabuleuse.

SimplySmackkk
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le 28 déc. 2020

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