La décennie 1980 a été riche en adaptations de Stephen King, une vrai Stephenkingmania ou tout ce qui pouvait l’être a été adapté, ou presque. Stand by me adapte la nouvelle Le Corps, parue en 1982. Dans l’abondante oeuvre du romancier, ce texte assez personnel se distingue par son absence d’éléments fantastiques.


Pour l’adapter, Rob Reiner est un des meilleurs réalisateurs sur le marché à cette époque, cette décennie est pour lui une période bénie, avec les succès de Spinal Tap, Princess Bride ou Quand Harry rencontre Sally. Avec Garçon choc pour fille chic, il s’était déjà intéressé à la comédie mettant en scène des adolescents.


Le cadre est différent pour Stand by me, puisque la tonalité est plus sombre et que l’histoire s’intéresse à quatre enfants, dans l’âge de devenir adolescents. Gordie Lachance, Chris Chambers, Teddy Duchamp et Vern Tessio sont quatre amis d’une douzaine d’années. En 1959, dans Castle Rock, ils s’ennuient, fument des cigarettes et jouent aux cartes. Les plus grands leur cherchent des crosses, ils ont des relations souvent compliquées avec leurs parents. Leur présent n’est guère brillant. Alors quand Vern leur apprend que le corps d’un garçon disparu se trouverait dans les forêts, ils décident de partir à sa recherche.


Grease a popularisé l’image des années 1950 insouciantes, Stand by me rappelle que chaque période a sa part d’ombre. Ces quatre amis savent que la lourdeur de leur environnement risque de les condamner à devenir aussi médiocres que leurs proches. Ils gardent encore un peu de leur insouciance enfantine, avec leurs jeux et leurs insultes affectives entre eux. Mais ils portent tous en eux les germes de leur vie d’adultes. Ils partent en quête du cadavre d’un enfant de leur âge, la métaphore est claire, ils sont à un tournant de leur vie.


Malheureusement, l’amertume de ce passage de l’enfance à l’adolescence est assez mal rendu par une réalisation et une photographie assez classique, bien trop propre. C’est le même souci rencontré pour Beignets de tomates vertes de Jon Avnet en 1992, où des thèmes difficiles sont aseptisés par une image sans personnalité. Stand by me comporte aussi ses moments plus doux, plus tendres, et tout est filmé à ce même niveau, les émotions les plus dures ne sont pas valorisées .


Ses jeunes acteurs font ce qu’ils peuvent, entraînés voire bousculés par Rob Reiner pour donner tout ce qu’ils avaient. Certains s’en sortent honnêtement. Mais ce n’est pas suffisant, probablement à cause d’un manque de maturité de leur part, ils n’étaient pas suffisamment expérimentés pour exprimer le mal-être et la colère de cette classe d’âge compliquée. Leurs explosions d’émotions ne sonnent pas assez justes. Il leur est trop demandé, et le jeu sonne faux.


Et pourtant, au vu des carrières futures des comédiens, on peut se dire que le directeur de casting a eu du flair. Will Wheaton, Corey Feldman, River Phoenix ou Jerry O’Connell ont eu des parcours différents, parfois tragiques, parfois plus légers après l’adolescence, mais Stand by me les a fait connaître. C’est le cas aussi pour Kiefer Sutherland, qui joue remarquablement le chef de bande inquiétant, le représentant de la classe d’âge au dessus, méchante car désœuvrée, qui a perdu sa chance de trouver sa place.


La nouvelle adaptée est l’une des plus autobiographiques de Stephen King. Le romancier a aimé le film de Rob Reiner qui ne s’aventure que peu en dehors du texte originel, le classant parmi les meilleures adaptations de son œuvre. Le film fut un succès. Et pourtant il peine à mélanger la douceur enfantine et les remous adolescents. La réalisation est d’une sobriété vue et revue à l’époque, les petits drames du film sont exagérés, et le casting est à la peine. Tout semble pourtant maîtrisé, dans une direction qui devait plaire à Rob. On peut s’en contenter, le film aborde mal ses sujets mais ceux-ci restent intéressants.

SimplySmackkk
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le 27 mars 2020

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