À l'image de George Lucas qui, un beau jour en plein milieu des années 1990, s'attaque à une nouvelle trilogie autour de Star Wars, je me lance dans un exercice périlleux, à savoir défendre La Menace Fantôme ainsi que, globalement, la prélogie.
Au-delà même de la dimension émotionnelle qui entoure ce film, qui s'avère être le premier que j'ai vu au cinéma et qui m'a considérablement marqué (comme l'ensemble de cette saga, films et produits dérivés inclus), je le revois toujours avec un immense plaisir, comme l'ensemble des six films produits et/ou réalisés par Lucas d'ailleurs. Pour cette reprise des origines des Skywalker, le texan opte pour un ton plus léger, symbolisé par Jar-Jar (que je trouve drôle) ou encore Anakin enfant. Des personnages qui marquent une rupture par rapport à l'univers de la trilogie originale, mais qui sont ici tout à fait à leur place. Lucas a la bonne idée de s'éloigner de la trilogie originale, pour proposer un nouveau regard.
Il nous renvoie donc quelques années avant Un nouvel espoir pour retracer le destin de la famille Skywalker et revenir à ses sources. Il ne garde que peu d'éléments de l'univers de la première trilogie, à l'exception de quelques personnages (Yoda, Obi Wan et les deux robots notamment) ainsi que la planète Tatouine. Il réinvente plutôt une extension à cet univers avec de nouveaux lieux, robots, vaisseaux, planètes et surtout personnages et intrigues.
Si c'est dans la tragédie (entre autre) que Lucas a puisé quelques influences pour la trilogie originale, c'est ici dans la politique et l'esprit antique, avec le sénat, ses chanceliers, ses prémices d'atmosphères de complots ou encore le conseil des Jedis. On découvre aussi des anciens personnages réécrits, comme un Obiwan encore padawan ou un Yoda important et en pleine forme, mais aussi, et surtout, de nouveaux, à l'image d'une surprenante reine, Qui-Gon Jinn et Dark Maul, deux des personnages les plus réussis du film, ils sont intrigants, mythiques et passionnants.
Niveau mise en scène, Lucas se montre efficace et profite de son univers si riche et passionnant pour nous y immerger avec grand brio. L'ensemble est bien rythmé et il nous offre quelques moments à couper le souffle à l'image de la course de Podracers, tout droit inspiré de Ben Hur ou du combat final qui se finit de manière dramatique et touchante. Pendant ce temps, on suit avec passion les aventures de ces nouveaux personnages, baladés entre plusieurs lieux, bénéficiant d'excellentes interprétations (mention spéciale à Liam Neeson et la belle Natalie Portman) et avec une atmosphère tout le long prenante. Visuellement, le mélange numérique/décors naturels est réussi, tandis que Lucas nous offre quelques grands moments d'émerveillements à la découverte de certains lieux, telle la cité Gungan.
Et puis, que dire de la véritable constante tout au long de cette saga, la bande-originale de John Williams ? C'est d'ailleurs le seul qui fasse l’unanimité et ce n'est que juste récompense. Ses thèmes collent toujours à l'image et l'atmosphère et certains font partis des plus réussis de la saga comme Duel of the fates et ses chœurs mémorables.
Quel immense bonheur que celui de revoir La Menace Fantôme, prologue de la prélogie, qui m'a tellement marqué, et qui s'avère efficacement mis en scène par Lucas, sublimant et étendant un univers et des personnages aussi riches que passionnants.