Pas simple d'attaquer un prequel obligatoire dans l'ordre bizarre des sorties Star Wars. Cela dit, je ne fais pas mieux, ayant commencé par écrire la critique de l'épisode VII. Mais à partir de maintenant, j'essaye de suivre l'ordre diégétique....
Donc l'épisode I. La détestée Menace fantôme de l'honnie trilogie. Loin d'être un chef d'œuvre, je ne l'ai pourtant pas trouvé si détestable. Jar Jar aurait mérité moult lasers dans le derrière certes. D'accord cette histoire de midichloriens sentait le souffre (à un point tel qu'elle est aujourd'hui partie en fumée, et qu'on en entend plus parler, nos contemporains préférant aborder la Force d'un point de vue plus industriel). Mais il fallait bien partir de quelque part, poser les fondations de cet univers qui nous fait au moins autant fantasmer que la Terre du Milieu.
Star Wars, c'est d'abord un contexte. Et si la trilogie originale se consacrait aux héros et à leurs interactions personnelles, ce début de Prélogie nous donne un aperçu bien plus vaste de cette galaxie lointaine, tellement lointaine. Tout est politique, et les protagonistes ne sont plus que des pions de l'Histoire. Des intrigues politiques, la corruption sénatoriale, les manigances de Palpatine qui se font sentir...
Nous sommes dix ans avant le début de la guerre des clones, 32 avant la bataille de Yavin. Deux Jedis tentent de régler un litige commercial entre une planète et la belliqueuse Fédération du Commerce. Contexte posé de façon simple et évidente, compréhensible pour un public susceptible de rire au gags d'un Gungan maladroit. L'histoire se déroule, on découvre de nouveaux monde, Naboo, Coruscant, la capitale de cette République Galactique où siège le Sénat dont on nous parle depuis 1977...on retrouve avec plaisir la poussière désertique de Tatooine, au cœur de laquelle l'ombre de Dark Vador se cache dans un insupportable bambin surdoué de la course de char (véritable moment de gloire du film).
L'intrigue tourne essentiellement autour des deux Jedis, un maître et son apprenti, premiers témoins d'un monde qui s'apprête à être bouleversé. Si Obi-Wan Kenobi, qui reste dans les limites de son rôle de padawan dévoué paraît un peu effacé avant la fin du duel face à Darth Maul, Liam Neeson incarne une nouvelle facette du Jedi, qui doit se positionner aussi bien face au côté obscur que face au Conseil. Qui-Gon Jynn a beau disparaitre, il reste néanmoins un subtil fil conducteur de la Prélogie, jamais totalement absent, ne serait-ce que par une voix ou par sa prouesse de surpasser la mort...
La Menace fantôme structure, construit un univers plus qu'une histoire. On introduit des personnages encore en gestation, Anakin n'est qu'un enfant, Obi-Wan un jeune homme effacé, Padmée, une reine précoce et découvrant un monde d'adultes, fait de complots, de maîtres Jedis bornés, de jeux de pouvoirs et d'influence...
Il faut voir le film non-pas comme le début de l'histoire de la saga, mais comme un simple préambule, apte à structurer un univers très vaste et une société complexe, où toutes les histoires se croisent. C'est le début de l'histoire de Skywalker, mais aussi de celle de Darth Maul, qu'on retrouvera plus tard dans les séries The Clone Wars et Rebels (et les bds qui lui sont consacrées).
Pas spécialement bon pour une histoire, c'est en revanche une bigrement bonne description de cet univers si complexe qui n'a pas fini de nous fasciner.