D'abord une rare (de ma part) manifestation d'indignation... que vous pouvez sauter si elle vous dérange :)
Non mais franchement, que vient faire le Pape Benoît XVI dans cette sombre affaire politico-mafieuse ? On le voit présenté de 3/4 dos au début du film, dans une scène de 2, 3 minutes se voulant mystérieuse ; nous sommes fin 2011 à Rome, plus précisément au Vatican et on nous révèle comme une nouvelle sensationnelle, mystérieusement étrange et catastrophique que, pour des raisons connues de lui seul, le Pape veut renoncer à ses fonctions (ce qu'il fera effectivement, comme chacun sait, en février 2013). Cut. Déroulement de l'affaire politico-mafieuse relative à Suburra. Et en fin de métrage, on retrouve, sous je ne sais plus quel prétexte, le Pape photographié dans les mêmes conditions visuelles ou à peu près qu'au début du film. Pourquoi cette présence papale en début et fin de film ? Simplement parce que celui-ci se passe entièrement à Rome et que le Pape est à Rome ce que la Tour Eiffel est à Paris : l'attraction touristique majeure ? Ou pour l'associer insidieusement à cette très sale et sombre affaire politico-mafieuse de la Suburra (dont le scénario d'ailleurs est entièrement fictif) ?
Que certains hauts dignitaires de l'Eglise, même très influents au Vatican, aient des liens avec la mafia romaine, je n'en sais fichtrement rien, mais c'est éventuellement possible (on avançait des choses similaires dans la 3ème partie du Parrain de F. F. Coppola). Par contre, associer, pour des raisons bassement commerciales et par goût du sensationnalisme, un très âgé (il allait sur ses 85 ans), très vénérable et Très Saint Père (comme l'était Benoît XVI en 2011) à ces ténébreuses, sordides et sanglantes magouilles romano-mafieuses, je trouve ça lamentable et puant. Voilà qui est dit ;)
Autrement, on a droit à un thriller spaghetti qui ne manque pas de testostérone. Il met en scène trois gangs romains antagonistes : la mafia romaine vieille école avec à sa tête "le samouraï", une mafia romaine jeune école dirigée par un certain "n° 8" et enfin un gang de Tziganes dirigés par une brute épaisse doublée d'un fou furieux. Ces mafias ou gangs sont en cheville avec des politiciens débauchés ou véreux (ou les deux à la fois, c'est le cas d'un puissant parlementaire) et se disputent un projet de transformation de la Suburra (quartier romain se confondant plus ou moins avec la station balnéaire d'Ostie, à la périphérie de Rome) en un Las Vegas italien, projet dont la mise en oeuvre doit d'abord être votée par le Parlement du pays.
Après un début un peu lent, en dépit d'une longue scène de sexe torride, à 3 dont une mineure (+ drogue dure et overdose mortelle de la mineure), le film monte en rythme, puissance et brutalités : meurtres au couteau, fusillades diverses (dont une, très réussie, dans un grand supermarché, puis centre commercial, à une heure de pointe et qui tourne un peu au plagiat du Carlito's Way de De Palma), règlements de comptes sanglants, pitbull féroce, exécutions impitoyables, ça pendant plus de deux heures. Bref, j'étais tassé dans mon fauteuil et je n'en menais pas large :)
Côté mise en scène, c'est correct, il y a, comme déjà dit, du rythme, du muscle. Et comme le réalisateur semble adorer la pluie, il pleut souvent à verse dans le film, ça dramatise ou augmente le côté glauque des scènes qui en bénéficient !
Au demeurant, la musique est souvent bien choisie, parfois un peu grandiloquente. Le casting est bon, surtout pour les gangsters (seconds couteaux compris) : ils ont des gueules de gangsters. Les politiciens débauchés et véreux sont , eux aussi, assez crédibles dans leurs rôles. Bref, les comédiens font tout ce qu'ils peuvent pour que leurs personnages échappent à la caricature... sans y parvenir vraiment, car - et c'est le grand reproche qu'on peut faire au film - tous les caractères, quasiment, sont caricaturaux, le parlementaire, le chef des Tziganes et son jeune frère notamment. La faute en incombe au scénario... d'un film dont toute la morale est : "à Rome, tous pourris ou presque" (!). Mais au milieu de tout ça, et la réalisation en souligne le caractère dérisoire, le Saint Père prie pour les péchés du monde (ça me revient, c'est ce qui justifie sa réapparition à la fin du film)... Juste avant un ultime règlement de comptes.
Allez, un petit "6" quand même, pour le divertissement concocté.
P.S. Le titre de ma critique est à prendre, bien sûr, non pas au pied de la lettre mais avec humour. Il s'adresse dans sa 1ère partie aux gangs romains du film, et dans sa 2ème, aux scénaristes/réalisateur/producteurs de celui-ci.