Avant la maturité mélancolique des Enfants loups, Mamoru Hosoda réalisait Summer Wars, un long métrage certes plus ambitieux sur les plans narratifs et visuels, mais finalement bien ancré dans une tradition dont il peine par instant à se démarquer.
Le récit suit une famille concernée de très près par l’attaque d’un gigantesque réseau social, sorte de fb nippon nommé Oz, vérolé par une A.I. bien décidée à détruire le monde.
La mise en place est assez longue, et occasionne une présentation de la famille dans laquelle on retrouve le folklore japonais traditionnel : humour assez limité, sentiments exacerbés (l’adolescence, les amourettes, les jalousies) et valorisation du clan autour d’une arrière-grand-mère représentant la sagesse séculaire auprès de laquelle on puisera les enseignements pour affronter ce nouveau monde numérique, qui finalement obéit aux mêmes lois qu’aux temps des glorieux ancêtres (et pour preuve, on nous cite même des répliques des 7 samouraïs…)
L’intrigue à proprement parler n’a rien de révolutionnaire : chaque personnage du monde réel a son propre avatar dans le virtuel, et va devoir joindre ses forces pour lutter contre l’IA, programme militaire américain qui tourne mal (et occasion, au débotté, de régler quelques comptes avec l’ancien rival.)
C’est dans Oz que le programme prend un peu de saveur. Jeu sur les proportions et la distribution spatiale, le monde épouse les formes imaginaires d’un OS, à la fois simpliste dans son interface (les avatars sont les mignonnes créatures comme il en existe tant dans le folklore vidéo-ludique nippon) et ambitieux dans ses potentiels, construit sur le principe de la circularité et des îlots. Plus le film avance, plus les incursions dans le monde prennent de la place : le contraste avec le monde réel, assez fade, est salvateur, et le déluge visuel occasionné par les différents combats (de carte, d’affrontement physique) rend l’ensemble plutôt divertissant.
Le scénario reste cependant lourdement convenu, et ce n’est pas la série de « rebondissements » (« on a gagné, ouais ! …mais… que se passe-t-il ? oh non en fait on pas encore gagné ! ») qui le délestera de ses maladresses.
Summer Wars est un film touche à tout, qui saupoudre un talent évident sur des domaines un peu trop hétéroclites. La suite de la carrière d’Hosoda confirmera, avec Les enfants loups et Le Garçon et la bête, que la modestie d’un angle précis, traité avec maturité, initie des œuvres bien plus fertiles.
(6.5/10)