Le Seven du pauvre

Après le film expérimental Begotten et le biopic fantasmagorique L'Ombre du Vampire, le réalisateur E. Elias Merhige s'attaque au thriller post-Seven et, comme bien d'autres avant lui, se casse bien évidemment les dents. Le film de David Fincher ayant fortement marqué le genre, il était facile pour les scénaristes en herbe d'emboiter le pas mais difficile de l'égaler. Ainsi, Suspect Zero suit une enquête du FBI dans l'Amérique profonde d'Albuquerque au Nouveau-Mexique où un agent récemment mis à pied va tenter de découvrir le responsable de plusieurs meurtres sordides confectionnés par un serial-killer aussi malin qu'imperceptible...

L'intrigue est donc classique, bien que la toile de fond soit recherchée avec ce serial killer tuant d'autres serial killers ainsi que la fameuse théorie du suspect zéro qui s'apparente à l'existence d''un tueur en série parfait qui changerait de manière d'opérer à chaque meurtre, brouillant ainsi toutes les pistes. Malheureusement, le rythme extrêmement cafouilleux, la mise en scène ratée de Merhige et l'interprétation on ne peut plus inégale nuit gravement à la qualité du long-métrage. Entre l'implication inutile d'une Carrie-Anne Moss absente, le jeu ridicule d'un Ben Kingsley copiant allégrement celui de Kevin Spacey et l'implication peu crédible du pourtant excellent Aaron Eckhart, on ne peut pas dire que la direction d'acteurs soit au top.

De plus, le sérieux manque d'originalité et le traitement d'une intrigue inutilement compliquée nous font très vite décrocher de ce qui aurait pu être un agréable thriller plus malin qu'à l'ordinaire... Hélas, comme dit précédemment, la réalisation de Merhige peine à captiver, le metteur en scène américain nous gratifiant de plans anodins tout en osant quelques "visions du tueur" maladroitement proposées et finalement plus énervantes que déconcertantes. On saluera ainsi principalement le côté quasi-fantastique de l'histoire, présenté ici de manière peut-être un peu trop plausible mais restant néanmoins très intéressant, ainsi qu'un final tout en tension mais rien de vraiment mirobolant pour cet ersatz aux airs de déjà-vu qui n'échappe malheureusement pas aux plus vils clichés du genre, sans réel rebondissement et sans réel talent.