Je le revois après de très nombreuses années, je n'avais qu'une dizaine de printemps quand je l'ai vu la première fois dans les années 80, sur une vieille télé cathodique avec une très mauvaise réception. Forcément à l'époque, je n'avais pas la maturité pour apprécier ces histoires de prostituées laissant des traces de sang dans le taxi. De mémoire, je m'étais ému de la frénésie finale, la veste treillis militaire et la coupe à l'iroquoise de De Niro.
Aujourd'hui en 2019, Taxi Driver a une toute autre portée, avec une copie restaurée HD, la photographie superbe pour l'époque nous renvoie un témoignage saisissant et authentique du New-York des années 70, avec ses bouches d'égouts fumantes, ses lumières colorées et ses taxi jaunes... Les tenues, veste en velours bordeaux et pattes d'eph' pour De Niro, robes aux motifs psychédéliques pour Cybill Shepherd, me rappellent celles du Joker et d'Harley Quinn. Car, oui, le dernier Dark DC, couvert d'éloges, lui aura beaucoup emprunté, tout était là, figé pour l'éternité sur la sacro-sainte pellicule du Maître Scorsese.
Jodie Foster en jeune trainée insouciante vaut le détour, je n'avais pas remarqué à quel point elle était touchante et déjà très mûre pour l'un de ses premiers rôles. De même, pour l'extrême maigreur de notre héros qui s'entraine seul chez lui, tout comme une certain J. Phoenix. Avec Joker, Once Upon a Time in Hollywood ou encore Green Book, les films au style rétro ont décidément le vent en poupe. Constat flagrant que notre époque, parfois dépassée par le tout numérique, a besoin d'un retour aux sources, d'histoires simples et construites, distillant ses moments de tensions avec parcimonie et intelligence.